L’océan et les littoraux, entre pression climatique et horizon technologique
L’élévation en accélération du niveau marin — 20 cm depuis 1901, d’un rythme passé de 1,3 mm/an à 3,7 mm/an récemment — et des projections parfois très supérieures à 50 cm à horizon 2100 imposent à la fois une transformation profonde des sociétés côtières, une mobilisation des sciences de l’ingénieur et de l’innovation technologique. Parallèlement, l’océan qui constitue encore une frontière de la connaissance humaine est un levier industriel pour la France.
La montée du niveau marin : un défi d’adaptation systémique du littoral
Face à l’élévation du niveau de la mer, le recul du trait de côte, la forte fréquence des submersions marines (événements extrêmes devenant beaucoup plus fréquents annuellement d’ici 2100), la mobilisation technologique devient urgente. Surveillance morphologique (LiDAR, GPS, drones, géoradar), modèles prédictifs multi-échelles, infrastructures de données interopérables sont désormais les outils essentiels pour anticiper et piloter l’adaptation des territoires. À court terme, la protection du patrimoine bâti repose le plus souvent sur des ouvrages de défense (digues, enrochements, ouvrages hydrauliques, épis), mais ceux-ci se révèlent coûteux, avec un rapport coût/bénéfice à apprécier au cas par cas. Parfois même ils peuvent s’avérer contre-productifs. La tendance générale est de privilégier l’intégration de solutions souples fondées sur la nature comme les zones humides ou les cordons dunaires, dont les limites sont désormais connues face à la rapidité de la montée des eaux.
L’évolution du coût des sinistres, l’inadéquation actuelle des fonds d’indemnisation, la nécessité d’innover dans l’assurance et la gestion du foncier rendent incontournables les solutions technologiques qui portent, de ce fait, des enjeux sociaux majeurs. Mais au-delà de la technologie, ce sont la culture du risque, la gouvernance, la formation des citoyens et des élus, tout autant que la capacité à préparer des transitions collectives complexes (relocalisation des activités, gestion foncière, évolution du marché immobilier…) qui conditionneront la réussite de l’adaptation.
Ingénierie océanique : une filière stratégique en émergence
Pour ce qui concerne le large, la recherche marine en France bénéficie d’un écosystème structuré : près de 7 000 chercheurs et ingénieurs, un rôle central de l’Ifremer, des universités spécialisées, des pôles de compétitivité et un tissu industriel allant des grands groupes aux startups. L’économie bleue représentait déjà 120 milliards d’euros de production en 2023, avec près d’un demi-million d’emplois, et vise un million d’emplois et 150 milliards d’euros à l’horizon 2030.
France 2030 a marqué un tournant en soutenant des projets ambitieux : flotteurs ARGO2030, jumeaux numériques de l’océan, robots sous-marins, drones de surface, câble intelligent. L’objectif est double : produire de la connaissance scientifique et bâtir une industrie compétitive, avec un fort enjeu de souveraineté et des applications civiles et de défense.
Quatre tendances dominent : la dronisation (robots autonomes), la maîtrise des fonds marins (connaissance, surveillance, intervention), le déploiement des énergies marines renouvelables (éolien flottant, hydrolien) et la croissance du marché des câbles sous-marins, supports de la connectivité mondiale. Bien que la France possède des atouts technologiques remarquables dans ces domaines, la compétition internationale s’intensifie (États-Unis, Chine, Japon, Norvège…) et un besoin de masse critique se fait jour et appelle à se doter de plates-formes mutualisées d’essai, de formation et de développement.
Une convergence des enjeux
Les deux avis de l’Académie se rejoignent : l’ingénierie océanique et la gestion du littoral ne sont pas des mondes totalement séparés, ils présentent au contraire de nombreuses complémentarités et similitudes. Les technologies développées pour explorer les grands fonds, observer l’océan global, surveiller le littoral (capteurs, drones, observation spatiale, jumeaux numériques) ont des points communs. Les besoins d’adaptation côtière stimulent des innovations en génie civil, et ingénierie écologique, qui trouvent aussi des applications offshore.
Enfin, la montée du niveau marin et l’exploitation responsable de l’océan interpellent sur les nécessaires évolutions éthiques et réglementaires des usages marins, qui doivent être intégrées dans les stratégies technologiques et industrielles.
Six recommandations
- Renforcer la recherche appliquée sur le trait de côte : génie côtier, ingénierie écologique, modélisation hydro-sédimentaire, en lien avec les observatoires régionaux.
- Intégrer systématiquement l’adaptation au changement climatique dans les politiques d’aménagement portuaire, énergétique et industrielle.
- Développer les synergies entre océan et espace, en mobilisant satellites, jumeaux numériques et drones pour une observation multi-échelles du système marin.
- Amplifier les investissements de France 2030 pour consolider un écosystème d’ingénierie océanique couvrant exploration, énergie, transport et défense.
- Favoriser la coopération internationale et les partenariats public-privé, afin de maintenir la France au rang des nations de référence en technologies maritimes.
- Former une nouvelle génération d’ingénieurs et de chercheurs capables de travailler à l’interface des sciences océaniques, du climat, du génie civil et des technologies numériques.
Ce texte résulte d’une synthèse de rapports de l’Académie des technologies générée par des IA génératives. Cette version a été relue et révisée par les auteurs des rapports.
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