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Morgane CHAMPLEBOUX

  • Chercheuse en biotechnologies
  • Michelin
  • 34 ans
  • Parrainée par François KEPES en 2025

Pourquoi la tech ?

Depuis mon enfance, je suis passionnée par la biologie. Je lisais de nombreux livres sur le fonctionnement du corps humain et des organismes vivants. J’ai ensuite développé une fascination pour l’ADN : comment quatre bases azotées, un concept simple en théorie, peuvent définir notre information génétique de manière si complexe que de nombreux chercheurs continuent d’explorer le sujet et font de nouvelles découvertes chaque jour. Au-delà de la théorie, je me suis intéressée aux applications et j’ai découvert les biotechnologies. Je suis désormais convaincue que les biotechnologies jouent un rôle majeur dans la réponse aux défis de notre société : environnement, santé et industrie.

Votre parcours ?

J’ai suivi une formation académique à l’Université de Grenoble : licence de biologie, master en épigénétique, et une thèse en biologie cellulaire et moléculaire. J’ai ensuite rejoint le Genopole pour réaliser un post-doctorat en collaboration avec une start-up en biotechnologie appelée Synovance. Puis, j’ai travaillé pour Inovactis en tant que chercheuse, afin de développer des vaccins immunothérapeutiques à base de levure. Finalement, j’ai intégré Michelin il y a quatre ans pour travailler en R&D dans le domaine des biotechnologies.

Votre première expérience professionnelle dans la tech ?

Ma première expérience dans la tech a eu lieu chez Synovance. J’ai découvert les biotechnologies blanches (industrielles). L’objectif était d’utiliser des micro-organismes modifiés capables de convertir la biomasse en molécules à forte valeur ajoutée. Ainsi, l’approvisionnement des molécules cibles devenait plus durable et le procédé de fabrication moins impactant pour l’environnement. C’est à ce moment-là que j’ai compris que je pouvais avoir un impact positif, même modeste, sur l’environnement, tout en faisant ce que j’aime le plus : manipuler de l’ADN.

Que faites-vous aujourd’hui et pourquoi ?

Aujourd’hui, je travaille chez Michelin en R&D. J’utilise les biotechnologies pour identifier de nouvelles voies métaboliques chez les micro-organismes. L’objectif est de concevoir et de sourcer des monomères et des polymères d’intérêt de manière plus durable. Comme nous n’avons pas de laboratoire de biotechnologies en interne, je collabore en open innovation avec des partenaires qui nous aident dans la réalisation et la montée en échelle de nos projets.

Vos atouts pour ce poste ?

L’envie d’apprendre, la créativité, l’écoute et la communication sont des compétences que j’essaie de mettre en pratique, car elles définissent ma vision du scientifique idéal. Je travaille sur des projets pluridisciplinaires (biotechnologie, physique, mathématiques, chimie, informatique, matériaux) avec des personnes qui utilisent un vocabulaire scientifique différent du mien. C’est une véritable opportunité car c’est à l’interface de plusieurs domaines scientifiques que l’on trouve les idées les plus innovantes. Ces compétences me sont utiles pour favoriser la communication et le bon déroulement des projets, tant avec nos partenaires qu’avec mon équipe en interne.

Vos défis passés, vos ratés, vos grands moments de solitude ?

Dans le cadre de mon travail actuel, j’interagis souvent avec des personnes possédant des compétences et des expertises scientifiques différentes des miennes. L’intégration dans cet écosystème riche n’est pas toujours facile. Il faut faire preuve de pédagogie et de patience pour comprendre les problématiques de chacun, ce qui peut mener à des situations parfois amusantes, mais aussi à de grands moments de solitude.

Vos meilleurs moments, les succès dont vous êtes fière ?

Dans le cadre de mon travail, j’ai eu la chance de passer six mois en mission aux États-Unis. Cela reste une de mes meilleures expériences professionnelles en termes d’apprentissage, de rencontres et de découverte d’une nouvelle culture, même si cela m’a demandé un fort engagement personnel. Je donne également, en parallèle de mon travail, des cours d’écoconception à l’Université de Clermont-Ferrand. C’est une des expériences qui me procure le plus de satisfaction. J’ai le sentiment d’avoir un impact positif auprès d’étudiants motivés par le sujet.

Des personnes qui vous ont aidée/marquée ou au contraire rendu la vie difficile ?

Toutes les personnes qui m’ont donné envie d’apprendre, qui m’ont soutenue dans mes choix, qui m’ont proposé des opportunités professionnelles et qui ont cru en moi ont eu un impact positif dans ma vie. Cela inclut des membres de ma famille, d’anciens professeurs, ainsi que des collègues et mentors de mon entourage professionnel. Si jamais ces personnes me lisent, elles se reconnaîtront. Je les remercie infiniment.

Vos envies et défis à venir ?

Pour l’instant, je souhaite continuer à m’investir dans mon travail et dans les projets professionnels et personnels qui s’offrent à moi. Mon objectif principal serait de démontrer le véritable potentiel des biotechnologies dans mon travail actuel. Pour cela, j’aimerais concrétiser mes idées et développer davantage les projets initiés, c’est-à-dire passer d’une preuve de concept à un niveau de maturité technologique (TRL) plus élevé.

Et que faites-vous en dehors de votre travail ?

Je pratique régulièrement la natation, et j’apprends à jouer du piano. Je suis également passionnée par les Rubik’s Cube et j’en possède une trentaine chez moi. J’apprécie passer du temps avec ma famille et mes amis. De plus, je viens de terminer la construction de ma maison, ce qui implique de nombreux travaux d’aménagement, aussi bien intérieurs qu’extérieurs.

Vos héroïnes (héros) de fiction, ou dans l’histoire ?

Il existe de nombreuses femmes inspirantes, notamment celles qui font avancer la science et la biologie, bien que beaucoup soient malheureusement restées dans l’ombre. Parmi les femmes inspirantes connues, je citerais Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna, qui ont remporté un prix Nobel pour les fameux « ciseaux » à ADN.

Votre devise favorite ?

« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » Gandhi

Un livre à emporter sur une île déserte ?

La saga Harry Potter. Elle m’a accompagnée pendant mon adolescence, et même après plusieurs relectures, je ne m’en lasse jamais.

Un message ou un conseil aux jeunes femmes ?

Sachez créer et saisir les opportunités et considérez chaque situation comme une occasion de grandir. Beaucoup de jeunes femmes ne croient pas en leur potentiel et n’osent pas. Pourtant, c’est en expérimentant, peu importe les échecs, qu’on réalise qu’on en est capable. En accumulant les petites victoires, nous prenons alors conscience du chemin parcouru, et c’est très satisfaisant.

LE QUESTIONNAIRE
DU CHATELET

Le questionnaire auquel répondent les Femmes de tech est une variante du questionnaire de Proust, ainsi nommé non pas parce que Marcel Proust se serait égaré dans le métro parisien, mais en mémoire d’Emilie du Chatelet, femme de lettres, mathématicienne et physicienne, renommée pour sa traduction des Principia Mathematica de Newton et la diffusion de l’œuvre physique de Leibniz. Elle fût membre de l’Académie des sciences de l’Institut de Bologne. Emilie du Chatelet mena au siècle des Lumières une vie libre et accomplie et publia un discours sur le bonheur.

Emilie Du Chatelet

Femme de lettre, mathématicienne, physicienne

1706 - 1749