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Élodie GERMANI

  • Chargé de recherche et d'enseignement
  • Laboratoire Traitement du Signal et de l’Image
  • 28 ans
  • Marrainée par Claudie HAIGNERÉ en 2025

Pourquoi la tech ?

Ma relation avec la technologie a commencé très tôt, avec deux parents ingénieurs en informatique qui m’y ont sensibilisée dès l’enfance. J’ai rapidement développé une appétence pour ces outils et j’adorais m’en servir. Malheureusement, influencée par les stéréotypes sur les métiers de la tech, et en particulier sur la place des femmes dans ce domaine, j’ai d’abord choisi de m’orienter vers les sciences naturelles et des études de médecine. Mais après quelques années, j’ai décidé de revenir à mes premières passions et de lier les sciences médicales à l’informatique. C’est un univers passionnant, dans lequel je m’épanouis en résolvant des problèmes : j’aime particulièrement me confronter à des défis logiques et mathématiques, et surtout, savoir que mon travail est à la fois inédit et potentiellement utile à la société.

Votre parcours ?

Comme je l’ai mentionné précédemment, mon parcours scientifique a connu des hauts et des bas. J’ai commencé par un baccalauréat scientifique, puis des études de médecine. J’ai ensuite découvert la bioinformatique, un domaine qui m’a tout de suite captivée par son lien entre santé et technologie. Après un master en bioinformatique, j’ai poursuivi avec un doctorat en intelligence artificielle appliquée à l’imagerie médicale. Aujourd’hui, je suis post-doctorante et je continue mes recherches dans ce domaine, à la croisée de la science, de la santé et de la tech.

Votre première expérience professionnelle dans la tech ?

Ma première expérience professionnelle dans la tech a été un job d’été. Mon père travaillait au Ministère des Armées, et j’ai été embauchée comme technicienne support informatique. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé à quel point ce domaine était encore très masculin, surtout dans les secteurs techniques et de la défense.

Que faites-vous aujourd’hui et pourquoi ?

Aujourd’hui, je suis chercheuse post-doctorante. La recherche est une véritable passion pour moi, et mon objectif est d’obtenir un poste de chargée de recherche. Pour cela, je souhaite approfondir mes connaissances sur les thématiques pointues de mon projet actuel, afin de pouvoir, à terme, encadrer des projets de recherche et transmettre ce savoir.

Vos atouts pour ce poste ?

Je suis persévérante et perfectionniste — parfois un peu trop ! J’ai également une bonne capacité à gérer plusieurs tâches en parallèle, ce qui est essentiel dans un métier où il faut jongler entre la recherche, l’écriture scientifique et l’enseignement.

Vos défis passés, vos ratés, vos grands moments de solitude ?

En troisième année de thèse, je suis tombée sous le charme d’un laboratoire de recherche. Je les ai contactés pour un entretien, mais en sortant, j’étais mitigée. Ils ne m’ont jamais recontactée, et il m’a fallu un mois pour accepter leur silence. Ça a été une grosse déception, car je m’étais déjà projetée dans cette nouvelle vie. Faire face au rejet et à l’incertitude fait malheureusement partie de la carrière académique, mais ce n’est jamais facile.

Vos meilleurs moments, les succès dont vous êtes fière ?

Ma soutenance de thèse reste un moment inoubliable, malgré quelques petits couacs techniques. J’ai eu des échanges riches et passionnants, et pour la première fois, je me suis réellement sentie chercheuse. Cette année-là, j’ai aussi reçu deux prix : celui du Meilleur Poster lors d’une conférence, et le prix Jeunes Talents For Women in Science de la Fondation L’Oréal – UNESCO. Ce sont des moments forts, chargés d’émotion — surtout quand on reçoit le fameux appel ou qu’on voit son nom parmi les lauréats.

Des personnes qui vous ont aidée/marquée ou au contraire rendu la vie difficile ?

Mes directrices de thèse, Camille Maumet et Elisa Fromont, m’ont énormément soutenue et encouragée. Je leur dois beaucoup. Et je n’oublie pas mon tout premier mentor, Warith Harchaoui, qui m’a accueillie pour un stage d’initiation au machine learning alors que je n’avais aucune expérience en programmation. Il a cru en moi avant même que je sache ce dont j’étais capable.

Vos envies et défis à venir ?

Je souhaite revenir en France et décrocher un poste de chargée de recherche. C’est un défi à la fois personnel et professionnel qui me motive énormément.

Et que faites-vous en dehors de votre travail ?

Je suis totalement accro aux séries TV — il y en a toujours une en fond chez moi. J’adore aussi lire, faire du sport, voyager, et développer des projets personnels, notamment en développement web.

Vos héroïnes (héros) de fiction, ou dans l’histoire ?

Le Dr. Temperance Brennan dans la série Bones. Elle assume son côté nerd, différent, et sa supériorité intellectuelle sans pour autant nier ses fragilités humaines.

Votre devise favorite ?

« Fais-le, et puis on verra. » Une devise pour celles qui apprennent en marchant, sans attendre de tout maîtriser d’avance.

Un livre à emporter sur une île déserte ?

Je prendrais Fondation d’Isaac Asimov. C’est plus qu’une série de romans : c’est une réflexion sur la science, le pouvoir, et le temps long. Ce que j’aime, c’est que la science y est une force structurante, presque politique. Elle justifie tous les moyens et est le socle de la société.

Un message ou un conseil aux jeunes femmes ?

Ne vous laissez pas enfermer dans les stéréotypes ! Osez explorer, sortir des cases et vous recentrer sur ce que vous aimez vraiment. L’orientation, ce n’est pas choisir un métier qui impressionne ou fait rêver sur le papier, mais un chemin qui vous ressemble, qui vous stimule, et dans lequel vous vous sentirez épanouie.

LE QUESTIONNAIRE
DU CHATELET

Le questionnaire auquel répondent les Femmes de tech est une variante du questionnaire de Proust, ainsi nommé non pas parce que Marcel Proust se serait égaré dans le métro parisien, mais en mémoire d’Emilie du Chatelet, femme de lettres, mathématicienne et physicienne, renommée pour sa traduction des Principia Mathematica de Newton et la diffusion de l’œuvre physique de Leibniz. Elle fût membre de l’Académie des sciences de l’Institut de Bologne. Emilie du Chatelet mena au siècle des Lumières une vie libre et accomplie et publia un discours sur le bonheur.

Emilie Du Chatelet

Femme de lettre, mathématicienne, physicienne

1706 - 1749