Un secteur alimentaire en mutation profonde
Banale dans notre vie quotidienne, l’alimentation présente cependant de multiples facettes engageant des enjeux tout aussi variés : sécurité alimentaire, santé, durabilité, identité culturelle, attractivité économique, précarité. Confronté à la mondialisation, aux révolutions numériques et biologiques, aux crises environnementales et à l’évolution des attentes des consommateurs, le système alimentaire français doit, comme d’autres, réinventer son modèle.
La transition numérique et l’innovation technologique ne sont pas ici des phénomènes abstraits : elles affectent directement la façon de produire, de transformer, distribuer, tracer, concevoir et consommer les aliments. Au moins deux évolutions structureront l’avenir : d’une part, la recherche de nouvelles sources de protéines, en réponse aux pressions environnementales et sociétales ; d’autre part, l’intégration massive du numérique dans les industries agroalimentaires pour gagner en compétitivité, en traçabilité et en durabilité.
Les protéines alternatives : un enjeu industriel, écologique et sociétal
La consommation mondiale de protéines est appelée à croître fortement d’ici 2050, avec l’augmentation de la population mondiale. Or, pour les protéines animales, l’élevage intensif exerce une pression considérable sur les terres, l’eau et le climat. C’est dans ce contexte que s’imposent les protéines alternatives avec une innovation technologique qui touche plus particulièrement la production et la transformation : végétales, algales, insectes, fermentation de précision, viande de culture.
La France, leader dans certaines filières (farines d’insectes, production d’algues, extraits végétaux), accuse néanmoins un retard sur la fermentation de précision et la viande de culture, secteurs à fort potentiel pour la décennie 2030. Le développement de ces solutions nécessite d’intégrer des innovations en biotechnologies, en génie des procédés et en modélisation, tout en consolidant l’évaluation de leurs impacts environnementaux et leur acceptabilité sociale.
Les verrous sont en effet à la fois réglementaires, avec des procédures « novel foods » longues et coûteuses, technologiques, notamment pour les milieux de culture, les procédés de séparation, et la reconstitution des qualités sensorielles, et enfin sociaux, focalisés sur la perception de produits « artificiels ». Face à une activité mondiale dense, la France risque de rester spectatrice si elle ne développe pas ses propres plateformes pilotes, capacités industrielles et brevets.
Le numérique, levier essentiel méconnu de l’innovation alimentaire
Le système agroalimentaire n’échappe pas à la transition numérique qui lui offre de nouvelles perspectives :
- Big data et intelligence artificielle, pour une meilleure caractérisation nutritionnelle, sensorielle et environnementale, grâce à la fusion de bases de données publiques (CIQUAL, AGRIBALYSE, Num-Alim).
- Modélisation et simulation des procédés, pour un pilotage en temps réel via les capteurs des usines 4.0.
- Construction d’aliments sur mesure, alimentation personnalisée selon la génomique ou le microbiote
- Blockchain et jumeaux numériques, qui renforceront la traçabilité « de la fourche à la fourchette » et l’écoresponsabilité, gage de confiance pour les consommateurs.
- Nouveaux services apportés par les plateformes numériques pour valoriser les PME/TPE, l’alimentation personnalisée, la restauration virtuelle et les robots-cuisiniers.
Si les industriels français sont innovants, une large majorité des ruptures provient des groupes internationaux ou se développent d’abord à l’étranger.
Recommandations
- Accélérer les investissements dans la fermentation de précision et la culture cellulaire afin d’éviter une dépendance aux brevets étrangers et sécuriser une position dans un marché stratégique.
- Déployer des plateformes pilotes et des capacités industrielles en France pour le passage à l’échelle des innovations alimentaires (fermentation, robotisation, blockchain).
- Renforcer la transparence et la traçabilité par la normalisation des blockchains et l’interopérabilité des bases de données nutritionnelles, environnementales et sensorielles.
- Favoriser l’appropriation numérique par les PME/TPE agroalimentaires, via diagnostics gratuits, mutualisation des outils et formations ciblées.
- Pour surmonter les réticences culturelles, accompagner la transition sociétale par une pédagogie active autour des protéines alternatives et des technologies numériques, et stimuler l’innovation participative via le dialogue entreprises-consommateurs.
- Prioriser la durabilité en inscrivant chaque innovation dans la réduction des impacts climatiques, la sobriété énergétique et la valorisation des coproduits agricoles.
Ce texte résulte d’une synthèse de rapports de l’Académie des technologies générée par des IA génératives. Cette version a été relue et révisée par les auteurs des rapports.
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