Académie des technologies

Caroline Chopinaud

  • Directrice Associée
  • Hub France IA
  • 44 ans
  • Marrainée par Michèle Sebag en 2022

Pourquoi la tech ?

Quand j’étais petite, je n’étais pas très bonne à l’école, ça a duré assez longtemps, jusqu’à que je découvre que j’aimais les mathématiques, en particulier les problèmes et la géométrie. A la maison, mon père avait un vieux MO5, on passait des heures à attendre que les programmes se lancent mais ce que j’appréciais beaucoup c’étaient les jeux d’initiation au Basic. Je ne savais pas à l’époque que je codais, j’écrivais des lignes et en sortie j’avais un drapeau qui s’affichait ou de la musique qui sortait des vieux hauts parleurs. Je trouvais cela très amusant.

Votre parcours ? 

Évidemment, comme j’aimais les maths, j’ai suivi une filière scientifique, je voulais devenir enseignante. Après le DEUG, j’ai décidé de pivoter légèrement pour aller faire un cursus d’informatique et j’ai découvert l’intelligence artificielle. Ça recouvrait des maths, de la logique et une vision futuriste de l’informatique. J’ai poursuivi en thèse que j’ai soutenue en 2007. J’ai finalement rejoint le privé en tant Ingénieur en développement dans une petite PME en IA, puis je suis passée responsable de l’innovation. En 2015, j’ai créé avec des collègues une startup deeptech en IA et finalement aujourd’hui je co-dirige une association, le Hub France IA, qui fédère l’écosystème IA Français.

Votre première expérience professionnelle dans la tech ?

Pendant ma thèse, j’ai développé, en PROLOG, un système capable de garantir un certain contrôle des comportements des IA (dans des systèmes multi agents). Mais ma première expérience professionnelle dans le privé, était chez MASA Group, où je développais les comportements des IA d’un simulateur et aussi directement au cœur du moteur d’IA, en Lua et en C++.

 Vous faites quoi aujourd’hui et pourquoi ? 

Aujourd’hui, mon rôle est d’accompagner les entreprises, quelque soit leur niveau de maturité en IA pour accélérer l’industrialisation des projets IA à tous les niveaux, pour tous les métiers, partout où cela a un sens !

Vos atouts pour ce poste ?

Mes connaissances techniques et scientifiques, ainsi que le fait d’avoir créé ma startup, d’en avoir géré la partie commerciale et suivi de nos clients, m’aide aujourd’hui énormément à comprendre les enjeux des entreprises, que ce soient les utilisateurs ou les fournisseurs d’intelligence artificielle. Et puis cela fait plus de 20 ans que je baigne dans le monde de l’IA, cela me permet d’amener une certaine expertise intéressante pour les membres de notre association. 


Vos défis passés, vos ratés, vos grands moments de solitude ? 

Je pense avoir raté pas mal de choses dans ma vie, mais c’est aussi ce qui fait qu’on avance et qu’on devient meilleur ! Le travail de recherche en thèse c’est très formateur, on se remet toujours en question, et cela reste encore aujourd’hui. J’ai acquis des réflexes qui font que je n’ai pas peur d’essayer car je ne crains pas l’échec. J’ai relevé aussi pas mal de défis, mais je crois que ma vie est comme ça, j’aime les challenges, c’est ce qui me fait avancer.

Vos meilleurs moments, les succès dont vous êtes fière ?

J’ai été tellement fière de créer une startup en IA, de la faire grandir, chaque nouvelle année passée, chaque nouveau client qui nous faisait confiance, chaque nouveau membre qui rejoignait l’équipe, c’était un nouveau succès. Je garde de vraiment bons souvenirs de ces années où tout était à construire et où il était tellement important que nous soyons tous soudés pour avancer.

Des personnes qui vous ont aidée/marquée ou au contraire rendu la vie difficile ?

Même si on était peu de femmes en informatique, j’avais plusieurs enseignantes en Intelligence Artificielle qui j’en suis sûre m’ont montré le chemin et m’ont donné envie d’avancer. Je pense avoir eu la chance d’être bien entourée dans ma vie professionnelle, ça aide à se sentir à l’aise pour progresser, et j’ai croisé pas mal de personnes qui m’ont offert de superbes opportunités !

Vos envies et défis à venir ?

Je n’ai qu’une seule envie, continuer dans l’intelligence artificielle ! Qui aurait cru en 2002 que 20 ans plus tard ce secteur serait attractif alors qu’à l’époque on ne devait pas parler d’IA, c’était mal vu. Alors je crois que le plus grand défi aujourd’hui, et qui n’est pas que le mien, est de faire en sorte qu’on ne retombe pas dans un hiver de l’IA.

Et vous faites quoi en dehors de votre travail ?

J’ai deux enfants de 8 ans et 2 ans, alors en dehors de mon travail je suis surtout avec eux et ma famille, c’est important. Je fais aussi du tir à l’arc, c’est peut-être la seule passion que je garde avec moi depuis l’enfance, même si je n’en ai pas toujours fait de façon régulière au fil des ans, j’y reviens toujours.

Vos héroïnes (héros) de fiction, ou dans l’histoire ? 

Je crois que mon héroïne de fiction préférée est Wonder Woman. Ça date de l’enfance, quand je me déguisais en Wonder Woman chez ma grand-mère pendant les vacances d’été. Je me sentais invincible. Des dizaines d’année plus tard, quand je suis allée voir le film de DC au cinéma en 2017, j’ai senti remonter en moi la force de cette femme qui m’éblouissait quand j’étais petite.

Votre devise favorite ?

Je dis toujours à ma fille : « Il ne faut jamais renoncer. Ce n’est pas grave de se tromper, ce qui est grave c’est de ne pas essayer ». Ne jamais craindre l’échec est je pense ce qui permet d’avancer et de créer de belles choses.

Un livre à emporter sur une île déserte ?

J’en prendrais 3 qui ne vont pas l’un sans l’autre : Phenix, Graal et la Malédiction de la Licorne de Bernard Simonay. Ces livres m’ont fait adorer la Fantasy quand j’étais adolescente. Mais si je devais en emmener qu’un seul ce serait peut-être Dracula de Bram Stoker !

Un message ou un conseil aux jeunes femmes ?

Ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on ne peut pas réussir dans la tech, il suffit d’y croire, il suffit de le vivre comme une passion. Il faut s’écouter avant tout. Il ne faut écouter que ceux qui sont là pour vous aider à aller plus loin et faire abstraction des autres.

LE QUESTIONNAIRE
DU CHATELET

Le questionnaire auquel répondent les Femmes de tech est une variante du questionnaire de Proust, ainsi nommé non pas parce que Marcel Proust se serait égaré dans le métro parisien, mais en mémoire d’Emilie du Chatelet, femme de lettres, mathématicienne et physicienne, renommée pour sa traduction des Principia Mathematica de Newton et la diffusion de l’œuvre physique de Leibniz. Elle fût membre de l’Académie des sciences de l’Institut de Bologne. Emilie du Chatelet mena au siècle des Lumières une vie libre et accomplie et publia un discours sur le bonheur.

Emilie Du Chatelet

Femme de lettre, mathématicienne, physicienne

1706 - 1749