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Cloé COLONGE

  • Ingénieure procédés chimiques
  • Genvia
  • 27 ans
  • Marrainée par Florence LAMBERT en 2025

Pourquoi la tech ?

La tech est rapidement devenue une évidence pour moi à l’adolescence et je reconnais que c’est une chance quand on sait à quel point il est difficile de trouver sa voie à ce moment-là.

J’ai toujours eu une appétence pour les disciplines scientifiques et la chimie en particulier. Mais également les langues étrangères, c’est pourquoi j’ai intégré la classe européenne scientifique de mon lycée. Ce programme comprenait plusieurs interventions de professionnels et notamment d’ingénieurs / chercheurs de l’université de Cambridge. Leur discours était tourné sur la place de l’ingénieur dans la transition énergétique et ça a tout de suite résonné en moi.

Depuis ce jour, tous mes choix ont servi à affiner mon objectif : devenir ingénieure chimiste dans l’industrie et actrice de la transition énergétique.

Votre parcours ?

Après un baccalauréat scientifique, j’ai commencé mes études en 2015 par 2 années de classe préparatoire aux grandes écoles en Physique-Chimie à Nîmes. J’ai ensuite suivi une licence en Sciences chimiques du vivant à la faculté des sciences de Montpellier pour enfin intégrer l’INSA de Rouen dans la spécialité chimie fine et ingénierie. En dernière année, j’ai choisi le génie des procédés et la chimie nucléaire pour me diriger vers des postes dans l’industrie qui me correspondaient.

En 2021, je suis retournée dans ma ville de naissance, à Béziers, dans le service « méthodes » de Genvia, une entreprise alors en création avec l’objectif de décarboner l’industrie.

Cette société créée en mars 2021 fabrique des électrolyseurs haute température visant à fournir une production d’hydrogène décarboné directement chez ses clients industriels. Genvia a pour ambition de faire de ses électrolyseurs les équipements les plus performants au monde, un challenge à relever qui m’a convaincue !

Votre première expérience professionnelle dans la tech ?

En 2019, j’ai effectué un stage de 3 mois au Parc de Recherche Biomédicale de Barcelone. J’ai réalisé des kits de dépistage de la peste porcine en synthétisant des peptides. Ce stage a été un tournant dans la définition de mon projet professionnel car il m’a permis de me rendre compte de ce que j’aimais dans la recherche académique et comment je pouvais l’appliquer au monde de l’industrie :

  • J’ai pu y développer un esprit analytique et rigoureux, indispensable pour mener à bien un projet de recherche.
  • Dans l’industrie, les projets ont souvent un impact immédiat et direct.
  • Les ressources matérielles et financières m’ont parue difficiles à obtenir dans la recherche académique et un projet peut rester à l’arrêt par manque de moyens.

Que faites-vous aujourd’hui et pourquoi ?

Je suis Ingénieure-cheffe de projet dans le service industrialisation de Genvia depuis fin 2024. Les missions de mon service consistent à imaginer les futures évolutions des lignes de production de l’usine de Béziers en fonction de la montée en cadence, de l’évolution du produit et des technologies. Je pilote des projets de la définition du besoin à la mise en service de l’équipement en passant par le choix du fournisseur et de son équipement, l’analyse de risque de la station, le suivi fournisseur et de l’installation sur site.

Chaque journée est différente et j’ai une totale autonomie sur la gestion de mes projets. Je découvre de nouvelles technologies régulièrement pour fabriquer au mieux notre produit. Je ne m’ennuie pas !

Vos atouts pour ce poste ?

Tout au long du projet, je suis amenée à travailler avec chaque service de Genvia. J’ai reçu une formation généraliste qui me permet de m’adapter facilement à l’interlocuteur même si je n’ai pas autant de connaissances que lui dans son domaine de compétence. Ma nature sociable m’a permis de rapidement prendre mes marques au sein d’une équipe grandissante et d’apprendre à connaître mes collaborateurs.

La réussite d’un projet est directement liée à la synergie de ses équipes et je crois fermement que le savoir-être d’un individu peut peser autant que ses compétences.

Vos défis passés, vos ratés, vos grands moments de solitude ?

À la fin de ma classe préparatoire aux grandes écoles et malgré un succès aux concours, je n’ai pas été retenue sur mes choix principaux.

J’aurais pu refaire une 3e année de classe préparatoire aux grandes écoles pour être mieux placée dans le classement mais j’ai préféré tenter d’intégrer mon premier choix, l’INSA, un réseau d’écoles hors concours avec acceptation sur dossier.

Je me suis appuyée sur les deux années de travail précédentes pour me hisser dans les meilleures places de ma promotion à l’université et ainsi améliorer mon dossier de candidature.

L’année suivante, j’intégrais l’INSA de Rouen, je n’ai jamais regretté mes choix et je suis fière d’avoir persévéré.

Vos meilleurs moments, les succès dont vous êtes fière ?

En 2022, quand j’ai su que j’allais pouvoir continuer ma carrière chez Genvia aussi longtemps que je le souhaitais. J’avais déjà vécu des moments forts depuis le début de cette aventure, tels que la création de zéro d’une station complète de production ou la rencontre du président de la République, et je ne pouvais pas rêver mieux que d’avoir la possibilité d’en vivre d’autres.

Des personnes qui vous ont aidée/marquée ou au contraire rendu la vie difficile ?

Mes parents m’ont toujours soutenue. Cela peut paraitre banal mais j’ai réussi à arriver où j’en suis aujourd’hui en grande partie grâce à eux. À ma mère qui me faisait de bons petits plats à emporter pour que je me concentre sur l’essentiel pendant mes études et à mon père qui a toujours su trouver les mots pour me motiver dans les moments de doute. Cet environnement sain m’a donné des ailes !

Vos envies et défis à venir ?

Le défi de devenir maman. Ce sera le plus important de ma vie et je vais tout faire pour trouver l’équilibre entre ma vie de famille et l’évolution de ma carrière professionnelle. Je ne me fixe pas de limites et j’ai hâte de voir toutes les opportunités qui pourront s’offrir à moi.

Et que faites-vous en dehors de votre travail ?

Je lis beaucoup… Un peu trop selon certaines personnes de mon entourage ! J’ai tendance à oublier ce qu’il se passe autour de moi.

J’adore danser. C’est essentiel de trouver une activité qui nous permet de décharger le stress du quotidien, de recharger les batteries pour la journée suivante et pour moi c’est la danse.

Même si le temps me manque, peindre et dessiner font également partie de la liste. Je me sens proche de ma grand-mère qui m’a transmis sa passion à chaque coup de pinceau.

Enfin, passer du temps avec ma famille. Chaque moment est précieux.

Vos héroïnes (héros) de fiction, ou dans l’histoire ?

Ce serait Emma Goldman, militante féministe, qui a soutenu l’importance de l’art, y compris la danse, dans la vie de chacun. Elle a dit : « Si je ne peux pas danser, je ne veux pas faire partie de votre révolution. » Comme elle, je n’imagine pas ma vie sans danser.

Votre devise favorite ?

« C’est dans l’échec que l’on apprend le plus. »

Face aux défis que doit relever Genvia, j’ai entendu de nombreuses fois cette phrase. Ce qu’elle signifie pour moi c’est qu’il faut se faire confiance et ne jamais craindre d’essayer, de prendre des initiatives, de mettre en avant ses idées qu’elles soient bonnes ou mauvaises par peur de l’échec. C’est comme ça qu’on innove et on peut toujours faire ressortir quelque chose de positif.

Un livre à emporter sur une île déserte ?

« Terrienne », un roman de Jean-Claude Mourlevat. Le résumé se termine par « Vous ne respirerez plus jamais de la même manière ». C’était vraiment mon ressenti en reposant le livre pour la dernière fois et potentiellement l’effet que me ferait un séjour imprévu sur une île déserte…

Un message ou un conseil aux jeunes femmes ?

Il ne faut jamais abandonner. On est toutes capables d’atteindre nos objectifs, il suffit de les fixer et de se dire « pourquoi pas moi » ? À chaque étape je me suis toujours répété « tu n’as pas le choix, ça ne tient qu’à toi donc si tu le veux vraiment, tu vas y arriver. Fais-toi confiance ». Comme un mantra. La plupart du temps ça a marché. Quand ça n’a pas été le cas, alors je me disais que c’était juste une étape sur le chemin et peut être qu’il me fallait faire un petit détour… sans perdre de vue l’objectif !

LE QUESTIONNAIRE
DU CHATELET

Le questionnaire auquel répondent les Femmes de tech est une variante du questionnaire de Proust, ainsi nommé non pas parce que Marcel Proust se serait égaré dans le métro parisien, mais en mémoire d’Emilie du Chatelet, femme de lettres, mathématicienne et physicienne, renommée pour sa traduction des Principia Mathematica de Newton et la diffusion de l’œuvre physique de Leibniz. Elle fût membre de l’Académie des sciences de l’Institut de Bologne. Emilie du Chatelet mena au siècle des Lumières une vie libre et accomplie et publia un discours sur le bonheur.

Emilie Du Chatelet

Femme de lettre, mathématicienne, physicienne

1706 - 1749