Académie des technologies

Anne-Priscille Daviet

  • Cheffe de service, conduite Flamanville, EDF
  • 38 ans
  • Marrainée par Claude Nahon en 2021

POURQUOI LA TECH ?

J’ai toujours aimé les sciences et les maths. La Tech c’est aussi par fidélité à une grand-mère prof de maths, à un papa historien spécialisé dans l’industrie, et puis c’est surtout l’envie de répondre aux enjeux de notre temps que sont le climat bien sûr, et l’énergie plus particulièrement.

VOTRE PARCOURS ?

J’ai eu un parcours classique qui m’a conduit à l’Ecole Centrale de Paris.
Un intérêt fort pour la production d’énergie m’a amenée tout naturellement chez EDF. C’était comme une évidence. J’avais une envie absolue de travailler dans l’industrie : technique et technologie me fascinent, ainsi que la puissance industrielle française du nucléaire.

VOTRE PREMIÈRE EXPÉRIENCE PROFESSIONNELLE DANS LA TECH ?

Ma première expérience industrielle a été chez Air Liquide : j’y faisais un stage sur la capture et le stockage du CO2.

2 mois plus tard, je découvrais chez EDF la maintenance des centrales nucléaires. J’ai ainsi pu découvrir plus de la moitié des sites nucléaires français. J’y ai croisé les exploitants avec leurs défis quotidiens, leurs compétences techniques, et leur proximité avec l’installation (le réacteur nucléaire, la salle des machines, la salle de commande, …). Tout naturellement après ça, j’ai voulu me rapprocher de l’exploitation des centrales. Cela impliquait un véritable choix de vie puisque les centrales sont à la campagne et qu’il fallait quitter la ville, moi la parisienne !

VOUS FAITES QUOI AUJOURD’HUI ET POURQUOI ?

Aujourd’hui, je suis chef du service Conduite de la centrale de Flamanville 1 et 2. C’est un poste de management, dans un environnement très technique, devant respecter beaucoup d’exigences (sûreté, sécurité, environnement, qualité, …), et avec des équipes très compétentes sur la conduite des réacteurs. La Conduite est au cœur des enjeux de production de l’électricité décarbonée. C’est là qu’on suit en temps réel l’électricité produite sur le réseau en faisant varier la production. On pilote en temps réel le réacteur, c’est un métier très exigeant, il faut des compétences techniques, de la rigueur et un véritable esprit d’équipe.
Je m’attache à avoir des jeunes femmes au sein des équipes et j’espère que bientôt l’une d’entre elle sera cheffe d’exploitation.

VOS ATOUTS POUR CE POSTE ?

Envie, passion, énergie, rigueur, dynamisme. Beaucoup d’amour pour les salariés qui travaillent avec moi, pour leurs compétences techniques et humaines, et leur engagement. Une envie au quotidien de gagner ma légitimité auprès d’eux.

VOS DÉFIS PASSÉS, VOS RATÉS, VOS GRANDS MOMENTS DE SOLITUDE ?

Mes premières semaines sur une centrale ont été difficiles dans un monde inconnu : femme, parisienne et bien jeune. C’était un gros défi personnel…. Que j’ai réussi et cela me soutient aujourd’hui.
Mon grand moment de solitude, c’est en école d’ingénieur lorsque j’ai dû choisir ma voie… Il faut choisir ce qu’on veut faire de sa vie, cela me paraissait vertigineux. J’ai eu besoin d’une année de césure, d’expérimenter la vie en entreprise et de mieux appréhender les métiers qui s’offraient à moi. J’ai compris combien c’était important pour moi de relever les défis de mon époque, et d’y contribuer à ma manière.

VOS MEILLEURS MOMENTS, LES SUCCÈS DONT VOUS ÊTES FIÈRE ?

Les meilleurs moments incontestablement, ce sont ceux que je partage avec les équipes. C’est la fierté d’un chantier réussi, par exemple le retour d’un réacteur sur le réseau après presque 2 ans d’arrêt, ce sont des moments exaltants qui récompensent notre acharnement et nos compétences.

DES PERSONNES QUI VOUS ONT AIDÉE/MARQUÉE OU AU CONTRAIRE RENDU LA VIE DIFFICILE ?

Bien sûr, il y a eu des chefs qui ont cru en moi, et c’est très important qu’ils m’aient fait confiance. Mais pour moi, en tant que manager, il est encore plus important d’être reconnue, acceptée par mes pairs et par mes équipes. J’ai à cœur de ne pas les décevoir, et c’est une source de motivation quotidienne.

VOS ENVIES ET DÉFIS À VENIR ?

Profiter des opportunités offertes par EDF pour découvrir d’autres métiers, d’autres secteurs techniques mais toujours dans l’industrie.

ET VOUS FAITES QUOI EN DEHORS DE VOTRE TRAVAIL ?

J’ai 2 enfants de 4 et 6 ans alors ça m’occupe pas mal. J’aime beaucoup la montagne, à Flamanville j’ai découvert la mer et le bateau : ce sont un peu les mêmes défis personnels face à l’immensité de la nature, que ce soit la montagne ou la mer. On est coupé du monde, on est livré à soi-même, on redevient humble face à la nature.

VOS HÉROÏNES (HÉROS) DE FICTION, OU DANS L’HISTOIRE ?

Sans hésiter Marie Curie : elle a été une femme exceptionnelle, amoureuse, scientifique, déterminée, mère de famille, patriote, … et 2 fois prix Nobel.
J’aime aussi beaucoup les « Culottées » de Pénélope Bagieu, une bd avec beaucoup d’humour sur des femmes fortes.

VOTRE DEVISE FAVORITE ?

« Vivre c’est ne pas se résigner » : cette phrase de Camus me plaît je n’ai pas envie de renoncer quand il y a des difficultés ou des obstacles, et je n’ai pas envie d’avoir à choisir par exemple entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle (je veux vivre les deux, sans renoncement).

UN LIVRE À EMPORTER SUR UNE ÎLE DÉSERTE ?

Sans hésiter aussi « Les contemplations » de Victor Hugo. Mais je ne saurais me résoudre à un livre, j’en aurais 3 de plus : « A la recherche du temps perdu » de Proust, je n’ai jamais vraiment eu le temps de le lire, alors sur une île déserte peut être que je pourrais enfin le faire. J’aime beaucoup aussi « Guerre et paix » de Tolstoï et pour finir « Orgueil et préjugés » de Jane Austen.

UN MESSAGE OU UN CONSEIL AUX JEUNES FEMMES ?

Je paraphraserai un peu Obama, je dirai : «  Yes you can » !

LE QUESTIONNAIRE
DU CHATELET

Le questionnaire auquel répondent les Femmes de tech est une variante du questionnaire de Proust, ainsi nommé non pas parce que Marcel Proust se serait égaré dans le métro parisien, mais en mémoire d’Emilie du Chatelet, femme de lettres, mathématicienne et physicienne, renommée pour sa traduction des Principia Mathematica de Newton et la diffusion de l’œuvre physique de Leibniz. Elle fût membre de l’Académie des sciences de l’Institut de Bologne. Emilie du Chatelet mena au siècle des Lumières une vie libre et accomplie et publia un discours sur le bonheur.

Emilie Du Chatelet

Femme de lettre, mathématicienne, physicienne

1706 - 1749