Académie des technologies

Blandine Gourcerol

  • Ingénieure chercheur Métallogéniste
  • BRGM
  • 35 ans
  • Parrainée par Pierre Toulhoat en 2023

Pourquoi la tech ?

Mon parcours dans le domaine de la
technologie et son lien avec la nature a été
grandement influencé par des professeurs
fascinants de Sciences de la Vie et de la
Terre (SVT) dès mes années de collège et
de lycée. Leur passion pour la géologie m'a
profondément inspirée et a, sans que je
m’en rende compte, facilité mon choix de
carrière avec évidence.

Votre parcours ?

Après l’obtention de mon bac S, j’ai intégré
une école d’ingénieurs en géologie
(anciennement l’IGAL – UniLasalle). Cette
formation a pour objectif de former les
étudiants à devenir des géologues
naturalistes grâce à de nombreux stages de
terrain dans différentes zones
géographiques et dans des environnements
différents. Ainsi, j’ai eu la chance de me
former en tant qu’ingénieur en ressources
minérales dans plusieurs pays, vivant des
expériences aussi enrichissantes les unes
que les autres. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai
souhaité continuer à acquérir des
connaissances en entreprenant une thèse
en Ontario, au Canada. Cette thèse de 4
ans, avait pour sujet les BIFs archéens
associés aux minéralisations aurifères.
Cette expérience m’a permis de m’épanouir
sur le plan scientifique et de travailler
dans un pays minier.
Par la suite, j’ai effectué deux post-
doctorats avant de rejoindre le Bureau de
Recherches Géologiques et Minières
(BRGM) en tant que cheffe de projet et
experte scientifique.

Votre première expérience professionnelle dans la tech ?

Ma première expérience dans la tech a été
sur un camp d’exploration au Mexique, dans
l’État du Sinaloa. J’ai eu l’occasion de
travailler avec des géologues sud-
américains et de découvrir les campagnes
d’exploration dans des zones reculées.
Cette expérience a vraiment façonné ma
façon d’aborder mon métier : peu importe
la culture, le niveau d’études et le milieu
social d’où l’on vient, tout le monde est là
pour faire avancer positivement un projet
commun.

Que faites-vous aujourd’hui et pourquoi ?

Actuellement, je suis cheffe de projet et experte scientifique en métallogénie, impliquée dans des projets nationaux et internationaux de recherche et de soutien aux politiques publiques, notamment dans le domaine des métaux critiques et stratégiques. Mon expertise consiste à identifier, caractériser et comprendre la formation et la préservation des gisements métalliques au cours du temps et ainsi d’optimiser leur prospection par diverses méthodes peu invasives (prédictivité etc.).

Je suis également chargée de mission sur la préfiguration visant à évaluer l’implication potentielle du BRGM dans l’identification des ressources minérales exploitables dans le cadre des conclusions du rapport Varin et du projet de règlement EU CRM Act. Cette mission consiste à établir le rôle de coordination d’un tel programme basé sur l’expertise historique du BRGM.

Vos atouts pour ce poste ?

Grâce à mes nombreuses expériences dans des projets d’exploration et le secteur minier, j’ai acquis une expertise précieuse que j’applique avec rigueur à ma recherche, cherchant à la rendre la plus appliquée possible. Je m’efforce de mettre en perspective cette expérience afin de bénéficier d’une approche pratique et concrète.

Par ailleurs, je suis d’une personnalité déterminée, rigoureuse et passionnée. Ces qualités me permettent de mener à bien mes missions dans les meilleures conditions possibles, tant pour mon équipe que pour d’éventuels clients.

Vos défis passés, vos ratés, vos grands moments de solitude ?

J’ai constaté que systématiquement par mes choix professionnels, j’aime et je cherche à me placer en dehors de ma zone de confort induisant un état de lutte constante et d’activité soutenue continue. Cependant, cela peut parfois être difficile à gérer émotionnellement et conduire à des moments de solitude assez intenses. Cette exigence d’adaptation peut également influencer mon entourage et mes collaborateurs, et ne pas toujours être appréciée à sa juste valeur.
Ceci étant dit, j’ai la chance d’être entourée d’une famille compréhensive de mon métier et de ma passion, ce qui facilite le dialogue et la bienveillance.

Vos meilleurs moments, les succès dont vous êtes fière

Lors de ma thèse, j’ai eu l’opportunité de prendre en charge l’organisation d’un colloque des étudiants en sciences minérales intégré à un congrès international des ressources minérales. J’ai ainsi pu collecter des fonds, rassembler des résumés scientifiques et, planifier et coordonner l’événement en lui-même. Cette initiative s’est révélée être un franc succès, avec la participation d’une centaine d’étudiants qui ont eu l’opportunité de présenter leurs travaux devant des professionnels de l’industrie.
Enfin, l’achèvement de ma thèse a été un moment de grande fierté pour moi. Malgré les défis, j’ai réussi à publier cinq articles scientifiques avant sa conclusion, tout en conciliant ma vie de parent, en étant dans un pays étranger et en abordant une thématique qui m’était alors inconnue avant mon arrivée au Canada, tout cela dans une langue qui n’était pas la mienne et en remportant le prix de la meilleure thèse de l’université.

Des personnes qui vous ont aidée/marquée ou au contraire rendu la vie difficile ?

J’ai eu la chance de grandir au sein d’une famille aimante et inspirante. Beaucoup, si ce n’est toutes les femmes de ma famille, sont des femmes combattantes qui m’ont encouragée à assumer mes choix peu importe leur nature.
Evidemment, en tant que jeune femme dans un milieu scientifique très masculin, j’ai vécu et je vis des moments difficiles mais je préfère dire que certaines personnes contribuent à renforcer ma résilience et à me pousser à dépasser mes limites.

Vos envies et défis à venir ?

Mes défis à venir sont en lien avec la transition énergétique que nous connaissons dans un contexte de diplomatie des ressources minérales.
Je souhaite pouvoir mettre à contribution de la Société mes connaissances en ressources minérales pour préserver et aider nos sociétés tout en respectant le monde dans lequel nous vivons.
Nous aurons besoin de plus en plus de métaux pour accomplir avec succès la décarbonation de nos sociétés. Toutefois, cela nécessite une optimisation de la recherche afin qu’elle soit la moins invasive et la plus optimale possible.

Et que faites-vous en dehors de votre travail ?

J’ai la chance de faire un métier-passion, si bien que je ne m’arrête jamais vraiment. Cependant, le jardinage, une autre de mes passions, me permet de trouver un équilibre et de prendre du recul, en relativisant le temps et en remettant les choses en perspective lorsque cela est nécessaire.

Vos héroïnes (héros) de fiction, ou dans l’histoire ?

Une de mes héroïnes est Alexandra David-Néel. Son parcours extraordinaire d’exploratrice, écrivaine et bouddhiste m’a profondément inspirée. Son audace, sa curiosité et sa détermination à explorer des terres lointaines et à plonger dans des cultures inconnues sont des qualités qui suscitent mon admiration.

Votre devise favorite ?

« Quoique tu te dises capable de faire, ou que tes rêves te disent capable de faire, entreprends-le. L’audace porte en elle génie, pouvoir et magie. » (Goethe)

Un livre à emporter sur une île déserte ?

Sans hésitation, j’emporterai « La Lettre du Père Noël » de Tolkien, un livre d’une magie et d’une poésie folles. C’est l’une des rares œuvres que je prends plaisir à relire chaque année. Ce recueil épistolaire de lettres échangées entre le Père Noël et les enfants, accompagnées d’illustrations enchanteresses, créent un univers merveilleux qui ravive en moi l’émerveillement et la nostalgie de Noël.

Un message ou un conseil aux jeunes femmes ?

N’ayez peur de rien et battez-vous pour ce qui vous semble juste. Si la tech est votre passion, alors n’hésitez pas !

LE QUESTIONNAIRE
DU CHATELET

Le questionnaire auquel répondent les Femmes de tech est une variante du questionnaire de Proust, ainsi nommé non pas parce que Marcel Proust se serait égaré dans le métro parisien, mais en mémoire d’Emilie du Chatelet, femme de lettres, mathématicienne et physicienne, renommée pour sa traduction des Principia Mathematica de Newton et la diffusion de l’œuvre physique de Leibniz. Elle fût membre de l’Académie des sciences de l’Institut de Bologne. Emilie du Chatelet mena au siècle des Lumières une vie libre et accomplie et publia un discours sur le bonheur.

Emilie Du Chatelet

Femme de lettre, mathématicienne, physicienne

1706 - 1749