La formation professionnelle, qu’elle soit initiale ou continue, constitue aujourd’hui un levier essentiel face aux transformations industrielles, technologiques et sociétales. Elle est au cœur des enjeux de compétitivité, de souveraineté et de transitions écologique et numérique. Dans ce contexte, nourrir une véritable culture technologique apparaît comme une condition incontournable pour préparer les générations futures, accompagner les actifs et répondre aux besoins croissants des entreprises.
Une culture technologique à reconstruire
La construction d’une culture technologique solide doit commencer dès le plus jeune âge. Elle repose sur plusieurs leviers complémentaires :
- l’enseignement de la technologie au collège,
- la revalorisation des lycées professionnels,
- une formation renforcée des enseignants,
- une ouverture accrue sur la culture scientifique, technologique, industrielle et économique.
Il s’agit de combattre les représentations encore négatives de l’industrie, souvent perçue comme un univers contraignant et polluant, et de mettre en lumière sa dimension créative, innovante et porteuse de solutions pour les grands défis contemporains.
Des virages technologiques à négocier
Les technologies dites « 4.0 » — intelligence artificielle, robotique, data, réalité augmentée et virtuelle — redéfinissent à la fois les modes de production et la structuration des compétences. L’industrie contemporaine exige désormais un ensemble de savoirs hybrides : expertise technique, créativité, adaptabilité, compétences collaboratives et culture générale.
Répondre à cette mutation suppose de repenser la formation professionnelle : décloisonner les parcours, favoriser l’hybridation des compétences et garantir la continuité entre formation initiale et formation tout au long de la vie.
Des tensions sur l’emploi à réduire, notamment chez les techniciens
Les tensions sur le marché du travail se font sentir dans plusieurs secteurs stratégiques (énergie, maintenance, bâtiment et travaux publics, numérique, défense, …). Si la France compte un nombre stable de bacheliers technologiques et professionnels, trop peu choisissent les filières de production. Les flux de diplômés de BTS et de BUT dans ces domaines demeurent insuffisants pour couvrir les besoins.
Cette situation est aggravée par le fait que certaines filières, notamment en IUT, servent désormais de vivier pour les écoles d’ingénieurs. La pénurie de techniciens, plus encore probablement que celle d’ingénieurs, constitue ainsi un frein majeur pour la pérennité des filières industrielles. Revaloriser les parcours technologiques et professionnels au secondaire apparaît comme une priorité stratégique.
Un système de formation à repenser
Dans un monde en évolution rapide, l’opposition entre apprentissage, formation initiale et continue n’a plus de sens. L’agilité et la modularité doivent devenir des principes cardinaux :
- développer des passerelles entre filières,
- proposer des certifications souples et évolutives,
- personnaliser les parcours d’apprentissage.
Les technologies numériques et l’intelligence artificielle ouvrent de nouvelles perspectives pour individualiser les apprentissages, soutenir des communautés apprenantes et lever des obstacles logistiques. Les EdTech représentent ici un potentiel considérable, encore insuffisamment exploité en France.
Les entreprises à placer au cœur de la montée en compétences
Les entreprises, et particulièrement les PME, jouent un rôle déterminant dans l’adaptation des compétences. Leur capacité à accueillir des alternants, mutualiser des ressources, organiser des formations internes ou créer des CFA constitue un facteur décisif. Mais leur action, quand elles sont isolées, reste limitée. D’où l’importance de développer des démarches collectives :
- clusters,
- campus partagés, en particulier « des métiers et des qualifications »,
- coopérations territoriales,
- implication renforcée des branches professionnelles.
Ces dispositifs permettent d’ajuster l’offre de formation aux besoins réels de chaque bassin d’emploi.
La dimension territoriale à mettre au cœur des politiques publiques
Près d’un tiers du potentiel productif français se situe dans les villes moyennes et les zones rurales, souvent éloignées des grandes métropoles. Ces territoires souffrent de plusieurs handicaps : faible offre de formation, difficultés de recrutement, manque de logements pour les jeunes actifs, déserts médicaux.
Certaines initiatives apportent des réponses : les campus connectés, l’ouverture d’antennes du Cnam, le développement d’internats, les aides à la mobilité pour les apprentis. Ces actions doivent être amplifiées afin d’assurer l’équité entre territoires et d’accompagner durablement les jeunes dans leur parcours de formation.
Renforcer l’attractivité de l’industrie
La formation professionnelle initiale, trop souvent perçue comme une voie de relégation, peut contribuer à transformer l’image de l’industrie. Enrichir les formations de culture générale, valoriser les parcours et reconnaître les compétences acquises sur le terrain sont des leviers indispensables.
La communication sur les métiers industriels doit insister sur :
- la qualité de vie et la santé au travail, qui est un point de vigilance devenu central,
- les perspectives d’évolution professionnelle (la promotion sociale),
- le rôle clé de l’industrie dans les transitions écologique et numérique,
- l’innovation et la responsabilité sociale des entreprises.
Recommandations
- Renforcer l’enseignement technologique et industriel dès le secondaire
- Mieux former et soutenir les enseignants.
- Valoriser et consolider l’apprentissage.
- Lutter contre les stéréotypes sociaux, territoriaux et de genre.
- Accroître le flux de techniciens qualifiés
- Revaloriser les filières technologiques et professionnelles au lycée.
- Soutenir les STS et les IUT orientés production.
- Consolider tous les CFA industriels, leur garantir des ressources stables.
- Développer une formation tout au long de la vie, flexible et modulaire
- Décloisonner formation initiale et continue.
- Multiplier les passerelles entre filières.
- Exploiter pleinement les potentialités des EdTech, dont les IA pédagogiques.
- Mobiliser les entreprises
- Impliquer des entreprises de toutes tailles dans la définition et la gouvernance des dispositifs de formation.
- Encourager la mutualisation des ressources et l’accueil d’apprentis.
- Accompagner en priorité les PME industrielles isolées.
- Soutenir les territoires et réduire les inégalités d’accès
- Investir dans le logement et les internats.
- Développer les campus connectés et les antennes de formation.
- Adapter l’offre aux spécificités de chaque bassin d’emploi.
- Promouvoir une nouvelle image de l’industrie
- Communiquer sur ses atouts technologiques, écologiques et humains.
- Insister sur les perspectives de carrière et l’innovation.
- Montrer le rôle de l’industrie dans les grandes transitions contemporaines.
Ce texte résulte d’une synthèse de rapports de l’Académie des technologies générée par des IA génératives. Cette version a été relue et révisée par les auteurs des rapports.
L’espace commentaire