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Fret ferroviaire

Le fret ferroviaire, souvent éclipsé par le transport routier, constitue un levier significatif de décarbonation. Pourtant, la France accuse un retard certain par rapport à ses voisins européens. En 2021, le fret ferroviaire représentait seulement 10,3 % des transports terrestres contre 16,4 % en moyenne en Europe et 18,6 % en Allemagne. Ce faible développement résulte moins d’un manque de technologies existantes que de difficultés organisationnelles, culturelles et politiques.

Le potentiel est pourtant considérable : un report modal de la route vers le rail permettrait non seulement de diminuer considérablement les émissions du secteur des transports et de renforcer la compétitivité des chaînes logistiques, mais aussi de favoriser l’intégration des ports français à l’économie mondiale.

 

Enjeux et compétition mondiale

Trois enjeux résument la problématique du fret ferroviaire en France. Tout d’abord le climat, bien que mode le moins émissif de CO, il sera exposé à la fragilisation des infrastructures due aux perturbations climatiques, la résilience du système doit donc être anticipée. Souveraineté industrielle ensuite, si la France dispose de champions industriels, elle doit défendre sa filière face à une concurrence internationale grandissante, notamment chinoise. Acceptabilité sociale enfin, le bruit ou les circulations nocturnes suscitent des réticences, bien que le rail reste mieux perçu que la route. L’acceptabilité dépendra de la capacité à moderniser le réseau.

Sur le plan industriel, l’Europe conserve des positions fortes grâce à Alstom et Siemens pour les locomotives électriques et le matériel roulant. Cependant, les acteurs américains (GE et GM) dominent encore le diesel, et la Chine s’impose comme le premier producteur mondial de matériel ferroviaire, avec des coûts plus bas pour une technologie équivalente. Son arrivée sur le marché européen constituerait naturellement un choc majeur. La filière française reste performante sur les infrastructures (rails, systèmes de freinage), mais peu d’entreprises produisent encore des wagons.

 

Faiblesses actuelles et opportunités techniques

Malgré ses atouts, le fret ferroviaire français souffre de plusieurs freins internes. Les retards, les grèves à répétition et un manque de fiabilité perçue créent une incertitude qui rebutent les clients qui attendent une fiabilité horaire et non journalière. Le réseau ferré, officiellement saturé, est en réalité pénalisé par l’absence de systèmes modernes de coordination et de signalisation et par une priorité absolue accordée au trafic voyageurs. Les ports français, moteurs potentiels de trafic ferroviaire de fret, affichent quant à eux une efficacité limitée : seuls 19,4% des échanges du port de Dunkerque avec l’hinterland se font par rail, contre plus de 50% à Hambourg.

Contrairement à d’autres secteurs, le développement du fret ferroviaire ne repose pas sur l’attente de ruptures technologiques majeures, les difficultés sont plutôt à rechercher du côté du déficit d’adoption de solutions existante. En particulier

  • Les systèmes de signalisation et de coordination numériques : l’ETCS (European Train Control System) et l’ERTMS (European Rail Traffic Management System) sont largement déployés ailleurs. Leur généralisation permettrait d’augmenter fortement le trafic sans investissements massifs dans les infrastructures.
  • Le freinage électrique, plus performant que l’air comprimé, il améliorerait la compatibilité avec les trains de voyageurs et fluidifierait le trafic. Mais il implique un renouvellement coûteux du parc.
  • Les systèmes d’automatisation, opérationnels depuis les années 1980, mais dont le déploiement en fret reste limité par des arbitrages économiques et sociaux.
  • L’électrification complète du réseau ou l’emploi d’alternatives comme l’hydrogène ou les batteries qui sont techniquement crédibles. Alstom a développé un train à hydrogène, mais son déploiement a été retardé.
  • Les technologies d’automatisation pour la manutention portuaire, mais la France souffre surtout d’un déficit de productivité organisationnelle.

 

Recommandations

L’Académie des technologies y insiste : les freins ne sont pas technologiques mais culturels, organisationnels et politiques, qu’ils soient locaux ou institutionnels. Six recommandations se détachent :

  1. Anticiper l’arrivée des industriels chinois et préparer la filière française et européenne à cette concurrence en soutenant les constructeurs français et en favorisant un rapprochement industriel entre acteurs européens.
  2. Accélérer le déploiement des systèmes d’information et de signalisation modernes (ETCS, ERTMS) pour améliorer capacité, fiabilité et coordination du réseau, à infrastructure constante et ainsi doubler le trafic fret.
  3. Mener une révolution culturelle au sein de la SNCF et des gestionnaires du réseau, permettant une gestion transparente et performante du fret.
  4. Renforcer la synergie entre ports et fret ferroviaire pour accroître l’efficacité logistique et la part modale du rail.
  5. Accompagner la modernisation du matériel roulant (freinage électrique, solutions zéro émission) et soutenir la conversion énergétique.
  6. Affirmer une politique centrale forte pour arbitrer en faveur du fret et rééquilibrer les priorités entre voyageurs et marchandises.

 

Ce texte résulte d’une synthèse de rapports de l’Académie des technologies générée par des IA génératives. Cette version a été relue et révisée par les auteurs des rapports.

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