Transition énergétique et climat
Quelles sont vos priorités pour décarboner l’économie française au moindre coût ?
Notre programme en la matière repose sur deux convictions principales. La première, c’est que les coûts que représentent la réorientation de notre modèle de production seront largement compensés par les économies et les opportunités créées. La seconde, c’est que la transition écologique ne se fera pas sans les Français. Il faut donc les accompagner pour faire face aux conséquences économiques et sociales inévitables, en particulier pour les plus précaires et les classes moyennes. Nos priorités s’articulent autour de 3 axes : aller le plus rapidement possible vers le 100% renouvelable, mener un plan ambitieux pour décarboner les logements et l’industrie et enfin rendre abordables les modes de transports non carbonés. Pour aller vers le 100% renouvelable en utilisant le nucléaire comme énergie de transition, un Pacte énergétique pour la France sera présenté dès le début de la présidence, qui permettra d’orienter l’essentiel de nos investissements énergétiques vers les énergies renouvelables. Sur le logement, un plan pluriannuel de rénovation énergétique sera mis en place pour que les Français n’aient plus à avancer des frais pour la rénovation énergétique de leur logement. Le montant sera remboursé en fonction du revenu, lors de la revente ou de la succession. L’objectif est de permettre la rénovation de 760 000 logements par an. Par ailleurs, dans le parc locatif, les loyers seront encadrés en fonction de la performance énergétique du logement. Sur les transports, en plus d’un plan de développement d’un million de bornes de recharges électriques, particulièrement dans les zones rurales, nous mettrons en place un système de leasing social de véhicules électriques ainsi que des aides à l’acquisition. Enfin, nous développerons le ferroviaire et créerons une taxe « empreinte carbone » sur les billets d’avion, qui s’appliquera dès lors qu’une alternative raisonnable en train existe. En matière industrielle, un objectif de -50% d’émissions de CO2 en 2035 est fixé. C’est ambitieux mais en combinant le soutien public et l’engagement des entreprises nous y parviendrons !
Parmi ces pistes souvent évoquées, quelles sont celles qui vous semblent les plus pertinentes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le changement climatique ?
- Inciter à la rénovation énergétique des bâtiments
- Inciter à l’installation de pompes à chaleur
- Inciter à l’installation de chauffe-eau électriques
- Inciter à l’achat de véhicules électriques
- Inciter à la sobriété énergétique, au recyclage, à l’achat d’objets plus durables
- Investir massivement dans les éoliennes et le photovoltaïque
- Investir massivement dans le renforcement du réseau électrique
- Investir dans la filière nucléaire pour construire de nouveaux réacteurs
- Investir dans les réacteurs existants pour les prolonger en toute sûreté
- Investir dans la mise en œuvre des technologies de capture et stockage du carbone
- Investir dans la recherche sur le stockage d’électricité
- Investir dans la recherche sur la fusion nucléaire
- Investir dans la filière hydrogène
- Financer la décarbonation dans les pays du Sud, où les investissements sont beaucoup plus efficaces
- Maintenir la position volontariste de l'Europe sur la lutte contre le réchauffement climatique, même si les autres grandes régions concurrentes (USA, Chine) ne contribuent pas au niveau qui serait requis
- Renégocier les objectifs européens de réduction d’émission de gaz à effet de serre, si la Chine et les États-Unis ne font pas des efforts proportionnés
- Renégocier la contribution de la France aux objectifs européens maintenus de réduction d’émission de gaz à effet de serre, que certains jugent irréalistes et pénalisants pour nos entreprises et nos ménages, pour tenir compte de notre avancée par rapport à la majorité des pays européens
- Mettre en place des mécanismes d’ajustement aux frontières de l’Union européenne qui fassent que nos entreprises ne soient pas pénalisées par rapport à celles de pays moins vertueux (ne taxant pas leurs émissions de gaz à effet de serre)
Commentaire (indiquez les cinq mesures prioritaires parmi celles que vous avez sélectionnées) : o Inciter à la rénovation énergétique des bâtiments o Inciter à l’achat de véhicules électriques o Inciter à la sobriété énergétique, au recyclage, à l’achat d’objets plus durables o Investir massivement dans les éoliennes et le photovoltaïque o Investir dans la filière hydrogène.
De quelle(s) position(s) vous sentez-vous le plus proche ?
- L’urgence est d’assurer l’augmentation de la production d’électricité bas-carbone au moindre coût
- Développer de manière très volontariste les énergies renouvelables et l’efficience énergétique afin de sortir au plus tôt du nucléaire
- Développer de manière très volontariste les énergies renouvelables et l’efficience énergétique afin de sortir au plus tôt du nucléaire, mais cela ne suffira pas et il faudra restreindre fortement notre consommation
- Développer de manière très volontariste les énergies renouvelables et l’efficience énergétique afin de sortir au plus tôt du nucléaire, mais cela ne suffira pas et il faudra accepter de recourir largement au gaz, la moins polluante des énergies fossiles, pendant les périodes d’intermittence (manque de vent et de soleil)
- Développer de manière très volontariste les énergies renouvelables et l’efficience énergétique, mais cela ne suffira pas et il faudra conserver une part substantielle d’énergie nucléaire pour éviter le recours aux énergies fossiles, l’envolée des prix et la précarité énergétique
- Investir dans le nucléaire (tout en développant les énergies renouvelables), car c’est une énergie décarbonée et pilotable en fonction de la demande qui permet aux ménages et aux entreprises de bénéficier d’énergie à un prix abordable et peut contribuer à nos exportations
- Investir dans l’adaptation au changement, puisque nous ne maîtrisons pas ce que feront les autres pays
Commentaire : Malgré une baisse de la consommation d'énergie de 40%, RTE prévoit, dans son scénario central, une hausse de la consommation d'électricité de 30% pour remplacer les énergies fossiles. Notre premier objectif est d'être en capacité de couvrir ces besoins supplémentaires sans faire courir le risque d'une explosion des prix ou de la précarité énergétique, c’est pourquoi nous sommes ouverte à une étude complète, sous le contrôle de l'ASN et du Parlement, accompagnée d'un grand débat citoyen, des capacités du parc nucléaire vieillissant. Mais nous devons en revanche préparer méthodiquement une sortie du nucléaire à terme.
Technologies critiques pour notre indépendance
Pensez-vous qu’il faille développer un « cloud » européen pour que nos données personnelles et celles de nos entreprises ne puissent pas risquer d’être utilisées par des acteurs étrangers ?
Dans un monde dans lequel l'incertitude est croissante, avec des puissances géopolitiques dont les intérêts ne sont pas alignés avec les nôtres, il est absolument indispensable que nous soyons souverains de nos données. Les positions récentes de Meta vis-à-vis de la règlementation européenne ont encore prouvé, si besoin était, l’absolue nécessité de cette indépendance. Nous devons donc poursuivre nos efforts vers le développement d’un cloud européen, notamment dans le cadre du projet Gaïa-X. Pour cela, il faut nous appuyer au maximum sur les entreprises et les compétences européennes. Ces compétences existent et nous devons les soutenir au lieu de compter sur des acteurs étrangers, même si cela peut se révéler parfois plus coûteux à court-terme.
On dit souvent que la prochaine « pandémie » sera liée à un virus informatique. Quelles mesures pensez-vous prendre pour réduire la vulnérabilité des ménages français et des entreprises et assurer leur cybersécurité ?
Plusieurs mesures doivent être prises. Il faut déjà permettre une montée en compétence de la population. Cela passera notamment par le développement des filières de spécialisation en cybersécurité. Ce sont des métiers pour lesquels les taux de recrutement sont extrêmement élevés et pour lesquels nous manquons d’experts. Enfin, il faut sensibiliser les entreprises, mais aussi les acteurs publics (hôpitaux, collectivités territoriales, …) aux risques liés à la cybersécurité. Cet accompagnement par la puissance publique, comme le fait l’ANSSI actuellement, doit être amplifié.
Pensez-vous qu’il faille se garantir l’accès à certaines technologies ou à certains équipements ? Lesquels ? Faut-il le faire au niveau français ou européen ?
Si nous voulons maîtriser notre destin, assumer nos préférences collectives et préserver notre modèle de société et nos valeurs, nous devons réduire notre dépendance dans plusieurs domaines. C’est le cas en matière technologique, dans plusieurs secteurs stratégiques comme les semi-conducteurs ou les biotechnologies. La France devra se coordonner avec l’Union européenne pour certaines technologies, dont le développement apparaît plus pertinent à l’échelle continentale. Dans cette perspective, il faut saluer l’initiative de la Commission européenne sur les semi-conducteurs. C’est un pas dans la bonne direction !
Lesquelles de ces technologies et équipements vous semblent justifier un financement public prioritaire ?
- Les routeurs et autres équipements des réseaux de communications fixes et mobiles
- Les centres de données
- Les satellites et l’accès à l’espace
- La maîtrise des technologies d’intelligence artificielle, d’apprentissage automatique (machine learning) et d’exploitation des données massives (big data)
- Le calcul à haute performance (supercalculateurs)
- Les capteurs et ordinateurs quantiques
- Les semi-conducteurs (dont la pénurie a fortement perturbé l’industrie automobile)
- Les panneaux photovoltaïques
- Les nouveaux réacteurs nucléaires (SMR, surgénérateurs)
- Les matériaux nécessaires aux transitions énergétiques et numériques
- Les biotechnologies
- Le génie génétique
- La fabrication en France ou en Europe des principes actifs des médicaments critiques
- Les véhicules électriques et leurs équipements clef (batteries, moteurs…)
- Autres
- Aucune de ces technologies : laissons l’initiative aux entreprises qui savent mieux identifier les besoins et développer des solutions que les pouvoirs publics !
Commentaire (indiquez les trois mesures prioritaires parmi celles que vous avez sélectionnées) : Les défis technologiques auxquels nous faisons face sont immenses. La puissance publique doit assumer son rôle d’orientation et de projection à long terme, en finançant certaines technologies indépendamment de leur rendement financier. Les priorités ne sauraient se limiter à trois, mais de manière générale nous considérons que nous devons redoubler d’efforts sur le hardware, pour lequel nous avons pris encore plus de retard que dans le software. Dans cette perspective, il est crucial de construire nos capacités de production de semi-conducteurs, de fabrication de médicaments et de composants nécessaires à la construction de véhicules électriques.
Beaucoup d’innovations françaises sont valorisées par des groupes étrangers car nos start-ups ont du mal à trouver en France des financements leur permettant de se développer à grande échelle. Pensez-vous qu’il s’agit d’un problème important et si oui que proposez-vous pour le pallier ?
Oui, il s’agit d’un problème majeur. Les nombreuses licornes qui se sont développées ces dernières années ont recours aux capitaux américains ou asiatiques. Il y a une prise de conscience progressive, avec notamment la mise en place d’un fonds européen de scale-up qui doit être doté de 10 milliards d’euros, mais cela reste insuffisant. En plus des fonds européens, il faugt mieux orienter l’épargne des Français, qui a crû fortement pendant la crise du Covid-19, vers l’innovation et vers le développement technologique de notre pays. Nous protégerons également avec beaucoup de vigilance nos entreprises stratégiques, en étendant le décret Montebourg.
Place de la technologie dans l’enseignement et la formation
La France manque de décideurs maîtrisant les enjeux de la technologie : est-ce votre avis ? est-ce un problème important ? et si oui comment pensez-vous y remédier ?
Oui, il y a un manque de culture technologique parmi les décideurs qui est la conséquence d'un manque de formation initiale et continue sur ces enjeux. Pourtant, leur maitrise est absolument indispensable, que cela soit pour nous assurer une performance économique future de haut niveau ou pour assurer notre indépendance géostratégique. En plus du renforcement de la formation en sciences et en technologie, le recours à des comités d’experts est aussi nécessaire face à la complexité des enjeux contemporains.
L’enseignement des technologies n’est pas une priorité dans notre système éducatif : faut-il changer cela, et si oui comment ?
Oui, complètement. Vous le savez, le décrochage du système éducatif est massif et son redressement sera notre priorité. Sur la dimension technologique, il faut tout d'abord redonner le goût des sciences à nos enfants dès leur plus jeune âge pour qu'ils aient envie de s'emparer de ces sujets, notamment en remettant au premier plan la démarche expérimentale qui a fait ses preuves dans les pays du Nord de l'Europe. Parallèlement, il faut introduire intelligemment les technologies dans les enseignements, toujours avec la volonté de piquer la curiosité et l'intérêt de nos enfants.
Les mathématiques sont essentielles pour la technologie et pour un nombre croissant d’activités humaines : comment proposez-vous de remédier à la baisse observée du niveau des élèves ?
Pour parvenir à développer la démarche expérimentale, c'est-à-dire le questionnement scientifique et la recherche méthodique de réponses aux problèmes, il faut pouvoir travailler en petits groupes. Les effectifs des classes en primaire qui dépassent souvent les 25 élèves rendent impossible une telle ambition. Il faut donc, grâce aux dispositifs de "plus de maîtres que de classes" et au dédoublement des classes lorsque cela est utile, rendre ces pédagogies possibles. Parallèlement, il faut un plan massif de formation des enseignants à la démarche scientifique et à la transmission des enseignements scientifiques aux élèves. Enfin, une revalorisation des rémunérations des professeurs est essentielle afin de rendre cette filière de nouveau attractive. C’est un point essentiel de notre programme. Si l’on souhaite que la France joue pleinement dans la compétition mondiale, il faut donner les moyens nécessaires à notre école et revaloriser le statut des enseignants dans notre pays.
Que proposez-vous pour attirer plus de femmes vers les filières scientifiques et technologiques ?
Il est évidemment très regrettable de voir que la réforme portée par M. Blanquer a entraîné une baisse considérable du nombre de femmes vers les filières scientifiques et technologiques. Il faut impérativement accroître l’attractivité, pour les jeunes filles, des études scientifiques. Pour cela, il faut développer des initiatives de terrain telles que la présentation, par des scientifiques, de leurs activités professionnelles dans les collèges et lycées ou bien encourager le coaching de lycéennes par des étudiantes en sciences. Il faudra aussi revenir sur la réforme récente du lycée pour permettre aux élèves de terminale de choisir 3 options afin d’éviter que certains élèves, et les filles en particulier, n’abandonnent les mathématiques parce que réputées trop difficiles. Enfin, plus globalement, il faut renforcer l’attrait des carrières scientifiques auprès des jeunes, et des jeunes filles en particulier. C’est ce que nous souhaitons faire en augmentant le financement de la recherche publique afin d’atteindre le seuil de 3% du PIB consacré à la recherche et au développement.
Place de la technologie dans la société
Les enquêtes de l’Académie des technologies montrent que les Français sont de plus en plus méfiants vis-à-vis des technologies et des experts : est-ce un problème important ? et si oui comment pensez-vous y remédier ?
Oui, c'est un problème majeur. La défiance vis-à-vis des experts notamment est inquiétante car leur perte d'autorité signifie qu'un nombre croissant de personnes se tourneront vers des sources d'information alternatives non scientifiques. C'est un défi réel pour notre démocratie. De ce point de vue, l'exemple finlandais est intéressant car l'enseignement prévoit de l'éducation à la science et aux médias. Je pense que la parole publique, par sa clarté, son honnêteté et sa capacité à s’adapter à la manière dont le citoyen souhaite se tenir informé, doit jouer un rôle clef.
Que pensez-vous du principe de précaution, selon lequel « l’éventualité d’un dommage susceptible d’affecter la santé ou l’environnement de manière grave et irréversible appelle, malgré l’absence de certitudes scientifiques sur les risques encourus, la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et l’adoption de mesures provisoires et proportionnées au dommage envisagé ? Faut-il le reformuler, en restreindre ou en élargir l’usage ?
Le principe de précaution, pour nous, ne constitue pas une entrave à l’amélioration des conditions matérielles de notre société. Comme son nom l’indique, il constitue simplement une précaution et non un arrêt pur et simple de tout développement et de toute recherche. Nous sommes donc favorable au maintien de ce principe, appliqué avec discernement et en faisant confiance aux autorités compétentes dans chacun des domaines concernés.
En présence d’une pandémie, lorsqu’on dispose d’un vaccin ne semblant pas présenter de risque notable et capable de limiter fortement la circulation de l’agent infectieux et sa dangerosité pour les personnes vaccinées, pensez-vous qu’il faille :
- Rendre la vaccination obligatoire, afin de préserver le système de santé et l’accès aux soins de la population, y compris de ceux qui souffrent d’autres pathologies ?
- Laisser à chacun la liberté de choix, mais imposer de sévères restrictions à la possibilité pour les non-vaccinés de fréquenter des lieux où ils peuvent s’infecter et infecter les autres ?
- Laisser à chacun la liberté de choix, mais n’accepter les non-vaccinés dans le système de soins que lorsque les malades vaccinés souffrant d’autres pathologies ont été traités en priorité ?
- Redimensionner, quoi qu’il en coûte, l’offre de soin pour accueillir tout le monde sans négliger les pathologies ordinaires en situation de crise ?
- Autre
Commentaire : Contrairement au chef de l'État, Nous aurions opté pour une mesure claire et solidaire, celle de la vaccination obligatoire. Dès lors que nous avons des garanties scientifiques sur le bénéfice d'un vaccin face à un virus aux caractéristiques semblables à celles du Covid-19, c'est-à-dire extrêmement contagieux et présentant un taux de mortalité significatif, il faut agir !
Les technologies soulèvent des questions éthiques. Quelles sont celles qui vous préoccupent le plus ? Comment proposez-vous de les traiter ? Faut-il interdire certaines recherches ? Dans quels domaines ?
La question des algorithmes vient immédiatement à l’esprit, car ils ont aujourd’hui un impact quotidien sur les citoyens. Ils peuvent entraver la liberté de choix des individus et les enfermer dans des bulles, menaçant la qualité de notre lien social. Qu’ils soient utilisés par des entreprises pour fournir des services ou par la puissance publique, il est indispensable d’en rendre les paramètres plus transparents et lisibles. La puissance publique doit jouer son rôle de régulation qui peut, là aussi, créer les conditions de la confiance.
Y a-t-il un point qui vous a semblé trop négligé dans ce questionnaire et que vous souhaiteriez aborder ?
Non ! et merci à vous de nous donner l’opportunité d’évoquer de manière constructive des sujets majeurs pour notre société, qui sont malheureusement trop peu abordés dans cette campagne !