Communiqué de presse - Paris, le 5 juin 2025
La biomasse occupe aujourd’hui une place essentielle dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Mais ne fait-elle pas l’objet d’attentes excessives ? L’Académie des technologies et l’Académie d’agriculture de France se sont posé cette question et présentent leurs conclusions. Leur rapport relève que le potentiel énergétique de la biomasse française est surestimé. Face à ce constat, les Académies proposent une méthodologie inédite à ce jour, simple et opératoire, permettant d’établir une priorité d’usages de la biomasse, accompagnée des premiers résultats de sa mise en œuvre. Elles mettent notamment en évidence l’opportunité de faire évoluer certains usages de la biomasse.
La biomasse : enjeu stratégique de la transition écologique
Issue de la photosynthèse, la biomasse est un levier essentiel pour atteindre la neutralité carbone en 2050 : sa production s’accompagne du captage de CO2 atmosphérique ; son usage en substitution de produits fossiles réduit les émissions de CO2. Mais les quantités de biomasse disponible sont limitées.
Les analyses approfondies menées par l’Académie des technologies (AT) et l’Académie d’agriculture de France (AAF) montrent que les attentes placées sur la biomasse par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 3 en cours de finalisation) sont excessives.
Les usages énergétiques de la biomasse s’avèrent contraints. La priorité doit être donnée à la satisfaction des besoins alimentaires en transition nutritionnelle et à la valorisation de la biomasse dans des produits chimiques et des matériaux biosourcés qui réduisent le recours à des ressources fossiles. Les incertitudes sur la disponibilité de la biomasse en 2050 sont multiples. Notamment, le changement climatique va affecter la production de biomasse agricole et forestière alors même que les forêts sont d’ores et déjà fragilisées. Le maintien du puits de carbone du secteur de l’agriculture et de la foresterie s’avère problématique, alors que la France s’est engagée à sa croissance.
La biomasse ne devrait contribuer qu’à une production d’au mieux 250 TWh/an d’énergie en 2050, ce qui représente une hausse de 85 % par rapport au niveau actuel et près du quart de la consommation d’énergie finale.
“Les acteurs publics de la transition énergétique ont des attentes excessives vis-à-vis de la biomasse à usage énergétique. Une régulation des usages sera nécessaire”, expliquent les auteurs de ce rapport.
Des usages à hiérarchiser
La pression sur la biomasse va s’accroître. Le rapport des deux Académies propose, pour la première fois en France, une méthode pour en hiérarchiser les usages énergétiques : l’objectif est de réduire les émissions de CO₂ à moindre coût, en orientant la biomasse vers les usages ne disposant pas d’une alternative pertinente. Par exemple :
- Certains usages du biogaz apparaissent prioritaires : la chaleur industrielle, l’électricité de pointe, certaines mobilités lourdes. En revanche, le biogaz ne devrait pas, dans le futur, être utilisé pour le chauffage résidentiel ou la production d’eau chaude sanitaire.
- La biomasse solide (bois) est près de ses limites pour la fourniture d’énergie aux réseaux de chaleur, d’autant qu’une partie (~ 20%) devrait être affectée au lancement de la filière des biocarburants pour le transport aérien.
La méthode proposée et ses premiers résultats appellent à réorienter certains usages de la biomasse, ce qui nécessitera un accompagnement différencié des acteurs socio-économiques. Ces réorientations sont à nuancer selon les territoires et filières locales.
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