Académie des technologies

Réindustrialiser la France : les conditions du succès

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L’industrie est un pilier fondamental de la souveraineté de la France et de l’Europe et de leur capacité de résilience. La réindustrialisation créera de la richesse et des opportunités pour répondre aux enjeux sociétaux et économiques actuels et des prochaines décennies ainsi qu’à la minimisation de l’empreinte carbone globale.

C’est pourquoi l’Académie des technologies a souhaité contribuer à la réflexion sur la réindustrialisation. Objet de son séminaire annuel qu’elle a conduit avec une approche systémique et transverse, Patrick Pélata, président de l’Académie, Denis Ranque, président honoraire, et Dominique Vernay, président honoris causa, ont présenté à la presse le 22 janvier 2024 la synthèse de ses travaux.

 

Pour réussir cette réindustrialisation, l’Académie identifie quatre grands défis à relever :

  1. Le défi d’une énergie décarbonée compétitive : Produire assez d’énergie décarbonée compétitive pour la décarbonation de l’industrie avec toutes les filières (éolien, solaire, batteries, géothermie, hydrogène, carburants renouvelables, réseaux…) est un défi ambitieux qu’il faudra relever. Décarboner la France signifie une électrification massive des usages et des systèmes productifs, avec un doublement de la demande d’électricité décarbonée.
  2. Le défi des intrants : La France dispose de certaines ressources minières, il faut en accélérer l’inventaire, et prendre en compte leurs traitements ainsi que le recyclage ou la réutilisation des anciennes ressources. Industrie du temps long, elle devra développer une diplomatie des approvisionnements des matériaux stratégiques, et une stratégie de stockage.
  3. Le défi des compétences : L’accès aux compétences constitue un des facteurs limitant du développement des entreprises. 100.000 recrutements seront nécessaires par an avec de très grosses disparités entre les territoires en quantité et en spécialités.
  4. le défi du numérique : C’est une technologie clé pour la décarbonation et la compétitivité de l’industrie. Quelques exemples : les supercalculateurs, les processeurs, la fabrication des circuits intégrés, les calculateurs quantiques… L’Europe a de nombreux atouts dans ce domaine : la France par exemple a une recherche de bon niveau sur le numérique et y consacre un budget annuel de 9,3 Md€. Les universités, les écoles d’ingénieurs et les IUT forment plus de 40.000 personnes par an aux niveaux doctorat, ingénieur et technicien supérieur.

 

Sans énergie, sans numérique, sans compétence et sans intrants, il ne sera pas possible de réindustrialiser. Les bénéfices attendus pour les différentes parties prenantes, aux échelles locales et à l’échelle plus globale doivent être exprimés et définis suivant les attentes et les spécificités qui peuvent être diverses.

L’Académie des technologies recommande que la loi CNDP soit appliquée avec sincérité par les différentes parties prenantes en amont des projets, et que soit construite une compréhension partagée des défis de la décarbonation et aussi de l’apport de l’industrie à une résilience et une souveraineté propre.