Académie des technologies

Le devenir des IUT

Avis de l’Académie des technologies sur le devenir des IUT

Voté le Mercredi 11 mai 2011

Pendant plus de 40 ans, les IUT ont montré un dynamisme et une cohésion qui ont constitué la base de leur succès. Ils doivent poursuivre dans cette voie en s’adaptant aux évolutions des demandes et des structures. L’Académie des technologies formule quelques recommandations en ce sens.

1. La situation des IUT

Les 115 Instituts Universitaires Technologiques (IUT) accueillent 9% des bacheliers français. Ils proposent 26 spécialités de diplômes, caractérisées par :- un fort taux d’emploi au terme des deux années de préparation au Diplôme Universitaire de Technologie (DUT) – un véritable tremplin vers les études supérieures longues choisies par 80% des diplômés.La double vocation des IUT offre ainsi une véritable diversité des modes d’insertion dans la vie professionnelle puisque, toutes spécialités confondues,- 20% des diplômés s’insèrent de façon immédiate et durable sur le marché du travail (BAC + 2),- 30% font le choix d’une spécialité au travers d’une licence professionnelle ou générale (BAC +3),- 50% intègrent des écoles d’ingénieur et de commerce en majorité, s’orientent vers un master 2 (BAC + 5) et préparent éventuellement un doctorat (BAC + 8).Les IUT ont donc réussi à concilier une double mission : former des cadres intermédiaires à BAC + 2 ou + 3 ans et constituer un vivier pour les écoles d’ingénieurs, les écoles de commerce, les masters et les doctorats. Ils ont largement contribué à la promotion sociale de jeunes de milieux modestes qui n’auraient pas spontanément choisi une formation longue mais qui ont pu le faire par étape avec la possibilité de trouver un travail à tout moment.Par ailleurs, le réseau IUT est implanté dans environ 200 sites répartis sur l’ensemble du territoire. Ces formations sont distinctes et complémentaires des BTS délivrés par les lycées. Ce succès s’explique par :

  • la présence forte de professionnels (jurys, présidence des conseils d’IUT, mise en place des filières) au côté d’enseignants académiques (agrégés, maîtres de conférences ou professeurs d’université)
  • un enseignement basé sur un modèle pédagogique original associant un enseignement universitaire « classique » approfondi à une pratique professionnelle en phase avec les besoins de qualification exprimés par le tissu économique et industriel
  • les stages en entreprise
  • La sélection et l’orientation à l’entrée des élèves
  • Un fort encadrement des étudiants, en nombre d’heures d’enseignement et de suivi

 

2. L’avenir des IUT

La loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (LRU) d’août 2007 a modifié les relations entre les universités et leurs IUT, en prévoyant la généralisation de l’autonomie budgétaire et de gestion des ressources humaines à toutes les universités. Les moyens des IUT ne sont plus affectés par le ministère, mais décidés par le conseil d’administration de l’université. Les Conseils d’IUT ont donc perdu une partie de leurs prérogatives. De nombreuses voix se sont élevées pour exprimer les risques qui pesaient sur les établissements : baisse des moyens affectés, uniformisation du corps enseignant réduit aux seuls enseignants du supérieur, passage à trois ans dans les cadre du L-M-D, perte de la vision nationale du réseau, etc. Ces craintes ont été largement relayées par les industriels, très attachés au modèle de formation des IUT. Le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a rapidement pris conscience de ces menaces et a demandé à toutes les universités de signer un Contrat d’Objectifs et de Moyens avec leurs IUT et de présenter un budget intégré permettant de suivre les évolutions des moyens dans le temps. Dans le nouveau cadre institutionnel d’autonomie des universités, l’avenir des IUT est fortement lié à la politique menée par leur établissement de rattachement. Les universités sont aujourd’hui des fédérations de composantes différentes dont il faut respecter les missions et les cultures comme ce fut le cas pour le droit ou la médecine.

3. Les recommandations de l’Académie des technologies

Pendant plus de 40 ans, les IUT ont montré un dynamisme et une cohésion qui ont constitué la base de leur succès. Ils doivent poursuivre dans cette voie en s’adaptant aux évolutions des demandes et des structures. Pour cela, l’Académie des technologies formule quelques recommandations :

1. Garder dans l’enseignement une part importante de travaux pratiques et de réalisation de projets, ce qui exige des moyens et budgets adaptés mais aussi de développer les cursus en alternance.

2. Veiller à la diversité du corps enseignant, constitué d’enseignants-chercheurs universitaires, de professeurs agrégés et d’enseignants issus du monde professionnel. Développer des critères d’évaluation adaptés à l’activité de chacun, recherche et innovation comprises évidemment.

3. Organiser le dialogue entre le Conseil de l’IUT comprenant de nombreux professionnels et le Conseil de l’Université, sur l’ensemble des budgets et moyens affectés à l’IUT.

4. Développer des critères d’évaluation spécifiques aux IUT, tenant compte de l’avenir des étudiants, placement professionnel ou poursuite d’études, de leur niveau à l’entrée ainsi que des relations avec les milieux professionnels, stages et taxe d’apprentissage.

5. Marquer plus nettement l’évolution vers les nouvelles technologies et les nouveaux métiers, économie virtuelle, biotechnologies, environnement. Internationaliser les cursus par des périodes à l’étranger.

6. S’appuyer sur le réseau national fort et homogène pour stimuler les progrès.

Une attention particulière de la part du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche sera également utile pour veiller à la cohérence des moyens humains et financiers attribués aux IUT.