Compte-rendu de la conférence-débat de l’Académie des technologies du 7 mai 2024, de Florence Rabier avec Jean-Claude André
La prévision numérique du temps comporte plusieurs étapes. La première consiste à assembler autant d’observations que possible pour caractériser l’état de l’atmosphère à un moment initial. Puis on combine ces observations avec la connaissance préalable du système, telle que résultant des prévisions antérieures.
Les équations décrivant l’atmosphère sont discrétisées sur une grille à l’échelle globale, sur l’horizontale et la verticale. Les prévisions résultent du résultat de l’intégration de ce système numérique discrétisé. L’une des forces de la météorologie est son ouverture, sa tradition de partage des compétences et de données d’observation. Depuis sa naissance, à la fin du XIXe siècle, elle n’a donc cessé de progresser avec les technologies de son temps, épousant leur rythme, plus ou moins soutenu.
Si depuis les années 80, le monde de la météo a plutôt vécu une « révolution tranquille », avec des investissements réguliers, une augmentation de résolution des modèles, de bien meilleures observations et une prise en compte progressive de tout le système Terre – et pas seulement de l’atmosphère -, le mouvement s’est nettement accéléré ces dernières années. La révolution digitale a permis aux modèles de suivre les évolutions technologiques des supercalculateurs. La révolution de l’intelligence artificielle, en pleine explosion actuellement, ouvre, quant à elle, la porte à un développement très rapide avec de nouveaux acteurs, et la possibilité d’utiliser des données open source, de véritables données publiques, mises à disposition. Tout le monde aujourd’hui utilise notamment des réanalyses (reconstructions de l’évolution des conditions météo depuis 1940) qui sont des données complètement ouvertes, produites pour l’Union européenne dans le cadre du programme Copernicus. Et les acteurs technologiques jouent le jeu. Nvidia et Huawei, puis Google DeepMind…
Après un temps d’hésitation, leur code est désormais en open source. Cette révolution en cours ouvre l’accès à beaucoup de nouvelles données, et permet à beaucoup plus d’acteurs d’entrer dans le paysage.