La santé est un élément fondamental du développement des sociétés et un pilier majeur de la cohésion sociale. Elle cristallise des défis scientifiques, industriels, sociaux et politiques qui dépassent la seule sphère médicale.
Les grands progrès récents notamment dans la lutte contre le cancer par la voie de cellules génétiquement modifiées en bio production, la production de nouveaux vaccins, les nouveaux systèmes d’imagerie ou la robotique en chirurgie montrent combien la maîtrise et l’usage des technologies est essentielle à l’efficacité des systèmes de soins, à la résilience collective et à la souveraineté du pays. Ces dynamiques invitent à développer une culture technologique partagée, où l’innovation se conjugue à une réflexion sur l’industrialisation, la gouvernance et l’équité.
Concernant spécifiquement le lien entre santé et technologies, la bio production a été identifiée comme un point de passage obligé.
La bio production : promesse et dépendance
La bio production désigne l’ensemble des procédés biologiques permettant de fabriquer des biomédicaments (anticorps, vaccins, protéines recombinantes, thérapies cellulaires et géniques). Ces produits connaissent une croissance rapide : près d’un médicament sur deux en développement relève déjà de cette catégorie, et leur part de marché devrait doubler d’ici 2030. Leur atout majeur est de proposer des traitements pour des maladies complexes ou rares, mais leur coût élevé (dix mille euros à plusieurs millions d’euros par patient) pose un problème d’accessibilité et de soutenabilité financière.
La France dispose d’un haut niveau de recherche fondamentale, mais elle souffre d’un déficit d’industrialisation. Une grande part des biomédicaments est importée. Il devient donc stratégique et urgent de consolider le tissu industriel, en modernisant ses usines et en accélérant les développements dans le domaine de la bio production. Il serait judicieux que Sanofi, dans le top 20 mondial de l’industrie pharmaceutique, conserve son rôle de champion national et réintègre en France une part significative de sa production dans ce domaine. Quelques initiatives récentes vont dans le bon sens, elles visent à structurer et dynamiser l’écosystème, créer des emplois et renforcer la compétitivité : programme et équipements prioritaires de recherche « Biothérapies et bio production de thérapies innovantes », filière France Biolead (de la bio production au biomédicament).
Technologies-clés pour l’avenir
À l’horizon 2035-2050, plusieurs domaines sont stratégiques :
- Biologie de synthèse : fer de lance de la biotechnologie, elle permet de concevoir et réaliser des cellules optimisées pour une production plus fiable et moins coûteuse.
- Automatisation et miniaturisation : déjà éprouvées dans la fabrication d’anticorps, elles peuvent s’étendre à d’autres « biomédicaments », réduisant les délais et les risques d’erreurs.
- Organoïdes thérapeutiques : ces amas de cellules qui simulent un organe complet constituent à la fois un espoir thérapeutique et un outil pour limiter les essais sur l’animal, tout en abaissant le coût des phases cliniques.
La France dispose de compétences scientifiques reconnues dans ces secteurs, mais leur valorisation passe par un meilleur passage de la recherche à la production.
Crise de la COVID-19 : un révélateur systémique
La pandémie a agi comme un « stress-test » pour les systèmes hospitaliers et les chaînes décisionnelles. Trois enjeux majeurs se sont imposés :
- L’anticipation et la modélisation : les données épidémiologiques, la surveillance en temps réel et les modèles de propagation se sont révélés déterminants pour adapter les mesures de confinement, la gestion des lits et les campagnes vaccinales ; leur intégration dans les décisions politiques reste toutefois incomplète.
- La coordination des acteurs : l’hôpital, déjà sous tension, a dû absorber un afflux massif de patients ; le manque de coopération fluide entre État, agences sanitaires, collectivités et secteur privé a mis en évidence la nécessité de chaînes logistiques robustes et de gouvernances partagées.
- La confiance et la communication : la perception des risques par la population a influencé la réussite des stratégies ; les controverses sur les traitements, les masques ou les vaccins ont montré l’importance d’une parole scientifique claire et d’une transparence institutionnelle.
La crise a donc mis en lumière la vulnérabilité des systèmes de santé face aux chocs globaux, mais aussi leur capacité d’adaptation lorsqu’innovation et coopération s’articulent efficacement.
Vers une culture scientifique et technologique partagée
La santé doit être pensée avec une approche intégrant sciences du vivant, numérique, industrie, logistique et gouvernance. Développer une culture technologique signifie comprendre les logiques de production des biomédicaments, les potentialités des « big data », l’apport de l’intelligence artificielle dans la prédiction ou la personnalisation des soins, mais aussi les contraintes industrielles et réglementaires.
Il ne s’agit pas seulement d’un enjeu pour les experts : l’ensemble des citoyens est concerné, car ces évolutions touchent directement la qualité, l’accessibilité et le coût des soins. Encourager le débat, former les professionnels de santé aux nouvelles technologies et sensibiliser le grand public à leurs impacts sociaux et économiques est une condition de résilience.
Recommandations
- Renforcer le lien entre recherche et industrialisation : structurer des partenariats public-privé et européens pour transformer l’excellence scientifique française en capacité de production locale.
- Investir dans les technologies-clés (biologie de synthèse, automatisation, organoïdes, mais aussi imagerie et robotique) afin de consolider la souveraineté sanitaire et réduire la dépendance du pays aux importations.
- Alléger autant que possible les contraintes réglementaires et accélérer les procédures, notamment celles de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), afin de rendre la France plus attractive, notamment pour les entreprises de bio production.
- Développer des systèmes de modélisation et de données en temps réel pour la gestion des crises sanitaires, intégrés à la prise de décision politique.
- Améliorer la gouvernance du système de santé en favorisant la coopération entre hôpital, collectivités, État et acteurs privés.
- Garantir l’accessibilité équitable aux innovations médicales, en anticipant les coûts des diverses voies thérapeutiques, notamment celle des biomédicaments, et en définissant des stratégies budgétaires soutenables.
Ce texte résulte d’une synthèse de rapports de l’Académie des technologies générée par des IA génératives. Cette version a été relue et révisée par les auteurs des rapports.
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