Académie des technologies

Trimestriel de l’intelligence technologique #8

Directeur de la rédaction : Patrick LEDERMANN

Auteurs : François KÉPÈS (Académie des Technologies), Morgane CHAMPLEBOUX (Université d’Évry), Carlo REITA (CEA Leti)
& Groupe de Travail « ADN : lire, écrire, stocker l’information » (2018-2020), Académie des Technologies

Les « centres de données », “cloud” inclus, stockent les mégadonnées numériques de l’humanité sur des disques durs et bandes magnétiques dont la durée de vie est très limitée ; ils représentent des « gouffres » pour les ressources en terrain, électricité et eau. En comparaison, le stockage à l’échelle infra-moléculaire, en particulier sur l’ADN, permettrait une densité supérieure d’un facteur 10 millions, une conservation prolongée d’un facteur 10 mille, pour une consommation électrique quasi-nulle.

En effet, l’ADN est stable à température ordinaire durant plusieurs millénaires ; il peut être aisément dupliqué ou volontairement détruit. Les technologies requises  existent  ;  cependant,  pour  devenir  viable  pour  le  stockage  de l’information, ces technologies nécessitent encore des progrès qui pourraient voir le jour sous 10 ans. Citons à titre d’exemple l’archivage à long terme d’informations  sensibles  :  les atouts  maîtres  seraient  la  facilité  à  multiplier  l’ADN  pour répartir  géographiquement des  copies  de  l’information,  ainsi que l’instantanéité  de  sa destruction volontaire.

Pour entrer en compétition avec les marchés plus globaux de l’archivage de mégadonnées, il faudra peut-être 10-20 ans. Le handicap principal de l’ADN résidant dans le futur proche en la lenteur des procédés d’écriture et lecture, il est raisonnable de supposer que son usage se cantonne encore longtemps dans l’archivage à long terme, où ses avantages sont évidents. En ce cas, la principale compétition résidera dans l’usage de la bande magnétique, actuellement la solution de choix pour l’archivage à long terme. Il est possible aussi que l’ADN se positionne en complémentarité de la bande magnétique, pour l’archivage à très long terme d’énormes mégadonnées numériques.