Académie des technologies

À la fin de l’année 2016, l’Académie chinoise d’ingénierie et les académies françaises – Académie des technologies et Académie des sciences- ont mis en place un groupe d’étude conjoint franco-chinois. 

Son objectif général était de préparer une prise de position commune pour passer en revue les options politiques et technologiques, y compris la sûreté et la gestion des déchets, permettant de faire de la production d’énergie nucléaire une composante des futurs mix énergétiques dans les pays ayant le potentiel approprié pour la mise en œuvre de cette énergie.


L’énergie nucléaire contribue à la réduction des émissions de CO2 dans l’atmosphère

En ce qui concerne les activités nucléaires civiles en général, la France et la Russie peuvent, à l’heure actuelle, être considérées comme les pays leaders dans le monde. Cependant, la Chine fait des percées impressionnantes dans la mise en place de centrales nucléaires et apparaît comme l’un des leaders potentiels à l’avenir.

La Chine et la France sont convaincues que l’énergie nucléaire doit pouvoir contribuer efficacement à la réduction de la consommation de combustibles fossiles et par conséquent à une réduction notable des émissions de CO2 dans l’atmosphère. Les deux pays sont confrontés à des problèmes similaires concernant le rôle des technologies nucléaires envisagées et leur acceptation par le public. Dans le contexte de la COP21, qui cible un monde « à faible teneur en carbone », les trois académies se sont mises d’accord sur un message commun adressé aux autres pays, concernant les questions nucléaires et touchant principalement leurs aspects scientifiques, technologiques, industriels, mais aussi économiques et sociétaux.

Une vision de l’énergie nucléaire issue d’un groupe d’étude conjoint franco-chinois

Ce rapport couvre de nombreux aspects de l’énergie nucléaire et s’efforce d’en présenter une vision objective (place de l’énergie nucléaire dans le futur mix énergétique, bénéfices, points forts et points faibles de l’énergie nucléaire, perspectives de recherche et développement, technologie et sûreté, ingénierie, etc.), ainsi que des problèmes sociétaux (éducation, formation, perception des risques, sensibilisation du public, etc.) mais il est certes loin d’être exhaustif.

Par exemple, la question importante de la durée de vie des centrales, l’extension éventuelle de leur exploitation, les questions relatives à leur démantèlement, ainsi que les aspects économiques de l’énergie nucléaire ne sont pas abordés. Le rapport ne prétend pas non plus comparer toutes les méthodes de production d’énergie, ni leurs mérites et faiblesses respectifs.

Bien que le groupe d’experts soit attentif aux problèmes rencontrés dans certains projets actuels de centrales nucléaires, ces thématiques ne sont pas spécifiquement prises en compte dans la présente étude et on n’essaye pas d’examiner ces difficultés. On considère que celles-ci ont vocation à être surmontées et que ce rapport commun doit se focaliser sur les méthodes et outils susceptibles d’améliorer le développement et l’achèvement des projets futurs, en particulier ceux qui s’appuient sur la numérisation. Il y a également la volonté de ne pas interférer avec les affaires en cours, la gouvernance, les questions financières ou les discussions commerciales.

Le but de l’étude est de mettre au point, entre les académies partenaires, des déclarations communes qui sont documentées dans le présent rapport, alors même que les visions et la dynamique des deux pays ne sont pas strictement identiques.

En outre, ce rapport ne vise pas principalement le grand public. Si cela avait été le cas, il aurait fallu répondre à d’autres questions et organiser des discussions avec d’autres parties-prenantes , ce qui ne pouvait être organisé dans le délais prévu.

Le public cible de l’étude est le public « professionnel » des pays qui incluent le développement de l’énergie nucléaire dans leur mix énergétique, et en particulier la communauté nucléaire mondiale lors de la réunion annuelle de l’AIEA.

Les messages contenus dans le rapport commun sont l’expression d’experts nucléaires bénévoles et non directement impliqués dans les projets. Sur certains aspects, le groupe d’experts est conscient qu’un travail supplémentaire est nécessaire pour approfondir l’état de la question. Cela est vrai en particulier pour les problèmes sociétaux, où beaucoup plus doit être fait pour informer le public sur les questions d’énergie et sur les difficultés extraordinaires que l’on rencontrera en essayant de remplacer les combustibles fossiles par d’autres sources d’énergie, essentiellement sans carbone, mobilisables pour assurer une production répondant économiquement et de façon sûre à la demande.

Pour mieux comprendre les préoccupations de la société, il faudra des efforts supplémentaires, – ce point est souligné mais nécessitera encore des approches novatrices. Les progrès dans ce domaine dépendront de l’implication du public dans les discussions sur ces questions et sur leurs solutions. Ce débat dépasse toutefois le propos du présent rapport.

Un rapport présenté à l’AIEA en septembre

Les trois partenaires ont conclu leur travail collectif en exposant leurs points de vue communs à la communauté nucléaire mondiale, y compris les décideurs, lors d’une réunion parallèle de l’Assemblée générale annuelle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le 20 septembre 2017 à Vienne.

La présentation a mis en évidence le partenariat actuel entre les académies chinoise et françaises et il est souhaité qu’elle permette de mettre en perspective certaines des difficultés rencontrées dans les projets occidentaux actuels, en apportant un point de vue plus large et visant le long terme.